Doums nous parle de ‘Pilote & Co’, son nouvel EP

Doums nous parle de ‘Pilote & Co’, son nouvel EP

Membre d’un des plus prolifiques groupes de rap parisien, L’Entourage, ancien de la 75ème Session, moitié de 2Fingz, Doums offre aujourd’hui à son public un nouveau projet de 8 titres, Pilote & Co, dans lequel le rappeur nous propose un casting de premier plan. Toujours en famille.

Doums est un personnage qu’on ne présente plus. Inséparable backeur de Nekfeu sur scène et figure de l’ombre de L’Entourage, le Parisien revient avec le projet Pilote & Co, suite directe du premier volet, sorti en solo en 2017. Une sorte de deuxième introduction à son univers qui fait cette fois la part belle au collectif, en s’appuyant sur des sonorités et des couleurs différentes (Hugz, En’Zoo, Diabi à la production). Doums y convoque son cercle le plus proche tout au long du projet : Nekfeu, 2Zer, S. Pri Noir ou le regretté Népal, binôme de toujours… Un EP de 8 titres qui offre un vaste terrain de jeu à l’artiste, s’affirmant plus que jamais comme le point de ralliement de son crew, mais surtout comme un rappeur sur qui il faut compter. Rencontre.

BACKPACKERZ : Tu sors d’une intense tournée des festivals cet été avec toute l’équipe. J’imagine que ces moments sont très particuliers pour toi…

Doums : C’était bon en effet! Ça nous permet de dégager notre mauvaise énergie et de la transformer en énergie positive. On y va à fond ! On se blesse même souvent sur scène en se poussant les uns les autres, du genre à se casser une dent sur le micro… Si on y va, on se donne à 100%.

À quoi ressemble une tournée avec toute l’équipe ?

C’est vraiment pas mal ! Je souhaite à toutes les vraies équipes de vivre ça, celles qui travaillent ensemble, vraiment. Il faut avant tout être solidaire, avoir des liens forts et là c’est un gros kiff. A un moment, c’était clairement trop, on faisait quelque chose comme quatre concerts par semaine plus deux, trois showcases avec Nekfeu directement après les concerts… C’était trop. Mais dans l’ensemble, ce n’est que du bonheur.

Plus que dans tout autre groupe, on sent que votre amitié est le socle de tout. Comment expliques-tu une telle résistance au temps ? 

C’est que c’est réel, ça vient du cœur. On veille tous les uns sur les autres, c’est ça notre force.

Vous avez d’ailleurs une manière très particulière de partager les mêmes posts au même moment, changer vos photos de profil, etc… pour vous soutenir. Est-ce que c’est pensé en amont ?

C’est la réalité de la vie de tous les jours avec tes potes. Quand tu es au foot et que ton pote a un match, tu vas le soutenir ! Et bien là, c’est pareil. De base, chacun faisait ses projets dans son coin. Ken (Nekfeu) a été super bon dans le sens où il a fait plus que le nécessaire pour chacun d’entre nous. Je pense que tout le monde n’en aurait pas fait autant que lui… Moi par exemple, clairement (rires). Ce mec-là a vraiment fédéré l’équipe. C’est pour ça qu’on l’appelle le capitaine. C’est clairement celui qui vend le plus mais chez nous, Ken vaut autant qu’un Framal, qu’un Mekra ou qu’un Alpha (Wann). On est ensemble et c’est tout.

Le projet s’appelle Pilote & Co, faisant écho à ton projet précédent, Pilote. Quel en est le sens ? Sur le premier, on pense clairement au pilote d’une série…

Oui tout à fait !  Tout le monde pensait que je parlais du pilote d’un avion. C’est un double sens que je voulais faire. Sur la cover de Pilote, je suis dans un fauteuil donc l’image est drôle.

Cette idée de pilote est intéressante car on sent que tu es le point de ralliement de cette équipe. Sur scène, Nekfeu ne peut pas se passer de toi…

Il a mon dos comme personne, je suis obligé d’avoir son dos également.

© JuPi

Faut-il voir ce projet comme une étape avant un projet plus important ? 

C’est une filiale de Pilote. J’avais déjà en tête de faire la suite. On avait déjà à l’époque taffé jusqu’à la pochette de mon album. Mais ce n’est plus d’actualité. Là en réalité, j’ai réalisé deux Pilote & Co, le second est presque terminé avec des nouveaux invités et sortira par la suite. J’ai vraiment veillé à ce qu’il n’y ait pas deux morceaux qui se ressemblent, que le tout se suive avec un dégradé de couleurs.

Peux-tu nous dire un mot sur cette pochette et le travail de dessin autour ?

A la base, je voulais que ce soit une photo avec tout le monde dessus mais ce n’est pas évident de rassembler tout le monde sur une même photo, avec les calendriers de chacun. J’ai commencé du coup à la dessiner, d’abord à l’horizontale, puis j’ai mes associés de Yasuke, mon équipe de e-sport, qui ont terminé le travail. C’était très clair à la base dans ma tête que ça soit fait avec tous les artistes présents sur le projet.

 

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Revenons à la musique. On sent un choix varié dans les productions de l’album. Comment as-tu fait le travail de sélection ? Avais-tu une ligne directrice en tête ?

Que du feeling ! Les gens passaient à la maison, on parlait musique, on se lançait sur une prod et de fil en aiguille, c’est devenu de plus en plus sérieux. Je voulais faire un 8 titres mais j’avais 12 titres. J’ai poussé jusqu’à 16 titres pour faire deux projets de 8 titres. Mais le dénominateur commun, c’est que ce ne sont que des gens que j’apprécie et qui me sont proches. Ça se sent dans les morceaux qu’il y a une vraie alchimie, qu’il n’y a aucun feat forcé. Ça donne des bons trucs, bien complémentaires.

Tu avais déjà le projet en tête dès Pilote en 2017 ?

C’est vraiment au ressenti, il n’y a pas de tableau particulier. Même si avec KLM (Népal), on discutait souvent de ce qu’on voulait faire à deux et en solo car le plan était préparé entre nous. Les grandes étapes étaient tracées mais pas dans le détail à ce moment-là. Regarde le son avec Nekfeu, il date de notre session au Japon pour son dernier album. On a récupéré le sample sur Instagram à une artiste qui s’appelle Naë. C’est ça qui est beau aujourd’hui avec la musique, il n’y a strictement aucune limite.


Le morceau « Ce Soir » raconté par Naë

« Pour l’album de Nekfeu, Les Étoiles Vagabondes, on a bossé ensemble sur trois morceaux dont « Elle Pleut » en feat avec Nemir où je suis co-productrice sur la prod car ils ont samplé un morceau à moi qui s’appelle « Don’t Forget ». Nekfeu et Diabi étaient chauds de sampler un autre de mes morceaux qui s’appelle “You”, qui à la base n’était juste qu’une mini-vidéo avec ce refrain que j’avais en tête, toujours pour l’album de Nekfeu. Quelques temps après avoir écouté ça en studio avec eux, Nekfeu m’a dit que finalement ce serait sûrement Doums qui l’utiliserait pour son projet. J’ignorais encore à ce moment que Nekfeu poserait également dessus. Ça m’a énormément boosté pour continuer de travailler mon son, bosser sur mon projet. Je leur suis très reconnaissante. « 

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Le son “Millions” est né de “Noor”, mon featuring avec 2Zer qui a été fait au Mexique il y a un peu plus de 4 ans. Sur ce son, je n’avais alors posé que le refrain et 2Zer le couplet et le pré-refrain. J’ai récupéré ce son, j’ai posé mon couplet et fait l’ambiance. Hugz a kiffé l’ambiance, du coup il a pitché ma voix et a créé la prod de “Millions”. On est écolo nous, on ne jette rien ! Il y a aussi Enzo (En’Zoo) qui est très très fort. Quel génie! Comme sur le son avec Gros Mo, c’est incroyable.


Le morceau « Ok » raconté par Gros Mo

« A la base, c’est moi qui l’ai invité sur mon album, donc je lui ai envoyé un couplet et un refrain. Il m’a renvoyé son couplet et a commencé alors à me faire un travail psychologique pour récupérer le morceau sur son album. On a alors conclu que le premier qui sortait son album gardait le morceau… et il a été plus vif que moi. Je suis super content que ce morceau soit sur son projet, le son est incroyable et on a fait un super clip donc ça fait plaisir. « 


Parlons d’une collaboration devenue spéciale aux yeux du public aujourd’hui. Pourquoi avoir gardé ce morceau avec Népal en clôture de projet, qui est très différent des autres morceaux ?

Parce qu’il me fait beaucoup rire ! C’est le son le plus ancien, il date de 2016 et c’est une totale impro. J’avais deux autres sons avec lui, dont un qu’il a récupéré pour lui. Ce son est vraiment freestyle, tu m’entends gueuler dessus, c’est crade mais on s’en bat les couilles ! A l’époque, KLM devait faire un couplet aussi dessus, il me l’a promis et ne l’a finalement jamais fait… Il le trouvait très bien comme ça.

Le morceau “Millions” fait-il écho au morceau “Millionaire” sur lequel tu es en featuring sur l’album posthume à venir de Nepal, Adios Bahamas ?

(Doums se met à faire le refrain de “Millionaire” a cappella). C’était très chaud… Mais non pas de lien, c’est un autre millionnaire, c’est juste les aléas de la vie. Ce sont des sons qui datent de longtemps.

Y aura-t-il un projet 2Fingz qui sortira avec des morceaux que vous aviez déjà enregistrés ?

Non, les morceaux ne sont pas terminés… C’est dommage car on avait un super concept qui allait tout niquer…

Il paraît que tu travailles beaucoup en improvisation en studio, peux-tu revenir un peu là-dessus ?

Oui c’est comme ça que je fonctionne. Genre le son “Millions”, c’est vraiment un délire, de l’impro totale… C’est mon processus créatif. C’est une approche instinctive, ça me permet de faire ce que j’ai envie de faire quand j’arrive en studio.


Doums vu par Diabi

« Ce qui me bluffe le plus chez Doums, c’est sa facilité à trouver des harmonies pour les refrains tout en improvisant. Ça m’a toujours fasciné. Sur ce projet que j’ai enregistré à 75%, toutes les sessions studio, ce n’était que de l’impro. Je branchais le matériel, il se mettait à improviser des mélodies tout en écrivant ses textes. Et ce qui est encore plus exceptionnel, c’est qu’il arrivait à faire tout ça tout en étant sur Instagram ! Mon plus beau souvenir musical avec lui, c’est l’enregistrement de La Folie Des Glandeurs avec Népal et lui. On enregistrait ce projet sans savoir quel était le but, on faisait absolument n’importe quoi. Nous n’avions aucune règle, on se marrait juste à faire un projet sans but, et au final cela reste un des plus beaux projets que j’ai fait jusqu’aujourd’hui. Nous étions tous réunis dessus, c’était une alchimie de plusieurs personnes et j’ai énormément appris grâce à ce projet, des choses que j’utilise encore aujourd’hui. »


Tu as déjà clippé trois extraits dont celui avec Nekfeu cette semaine, et celui avec Gros Mo est en approche. C’était important pour toi d’accompagner le projet de nombreux clips ?

Oui je voulais kiffer et proposer plein de visuels en tournant tous les clips au Mali. On a fait 4 clips en 3 jours et demi….

Un morceau de toi a récemment cartonné : “Nothing Hill” sur l’album de DJ Elite que tu as pu jouer sur tous les festivals cet été…

C’est mon associé ! Que de l’amour sur lui !

On a l’impression que tu cours plein de lièvres à la fois et qu’au final, tu as peu de temps à consacrer à tes propres projets…

Oui et j’ai comme inspiration d’inverser la tendance, notamment via Yasuke. Les lièvres, on les a attrapés, on les a mis en cage, on essaie de les faire se reproduire… (rires). Je ne cours plus après. Je vais voir si je lâche des trucs au fur et à mesure.

Doums – Pilote & Co

Merci à Naë, Diabi, Gros Mo et Sheldon pour leur disponibilité.
Entretien préparé par JuPi et réalisé par Benjamin Boyer.