Cheetah, l’Afrique au coeur du Rap
Ancienne DJ de l’émission Netflix Nouvelle École et personnalité culturelle influente de la capitale, Cheetah fait partie de ces créatifs capable de tout faire.
Passionnée de rap et de musiques africaines, elle nous partage son regard sur ces deux cultures qui se nourrissent réciproquement et nous parle de ses débuts dans le Djing, des coulisses du tournage de Nouvelle École et de son nouveau projet, la soirée REMIX JAM qu’elle lance à Paris ce mois-ci.
Est-ce que tu peux te présenter rapidement ?
Moi c’est Cheetah Camerounaise de naissance et parisienne d’adoption depuis 2012. Je suis DJ, passionnée de culture et de créativité.
À quel moment tu tombes dans la musique ?
J’en écoute beaucoup depuis toute petite. Je dormais souvent avec une petite radio à piles collée aux oreilles que ma mère m’a souvent confisquée d’ailleurs ! Mon premier accès à la musique a été notamment par le biais de la danse Hip Hop que j’ai pratiquée entre 2009 et 2010.
A côté je regardais les clips à la télé. J’ai fait du rap aussi avant d’arriver à Paris, puis je me suis dit : « le rap, c’est bien, mais j’aimerais faire mes propres instru » donc j’ai commencé à faire du beatmaking. J’ai toujours voulu savoir comment les choses fonctionnaient , comment les morceaux étaient composés. Je mangeais, buvais et dormais musique !
C’est quoi ta première claque musicale Rap ?
“Get Ur Freak On” de Missy Elliott. Toute la période Timbaland, Swizz Beatz puis Eve, 50 Cent, Kanye West. J’étais très rap de la côte Est et je dois reconnaître que je regardais un peu de loin les Snoop, Dre ou Tupac… La côte Est me touchait plus, la manière dont les mots étaient dits, comment ça collait avec les instrus, puis les clips et les chorégraphies aussi. Je regardais les clips sur MCM « ma chaîne musicale » et une fois en vacances chez mon père j’ai découvert MTV et « Yo MTV Rap » et là j’ai eu l’impression de passer un step [sourire].
Et comment deviens-tu DJ ?
C’est arrivé en 2015. Beaucoup de gens me disaient : “Tu as une super culture musicale, tu devrais mixer” mais pour moi DJ c’était les grosses caisses de vinyles, tout le matos hifi,… Je pensais que je n’avais pas la capacité de comprendre comment ça fonctionnait. Jusqu’au jour où un stagiaire de mon boulot de l’époque qui était aussi DJ et qui est devenu un pote m’a dit “mais pourquoi t’es pas DJ” ? Je m’en souviens c’était un vendredi à 15h et ça a été la fois de trop [rires]. Je suis allée sur Cdiscount ce weekend là et j’ai acheté le premier contrôleur Hercules que j’ai vu. Je me suis dit que j’allais essayer et voir comment ça fonctionnait.
Comment tu décroches ta première soirée ?
Je me suis entraînée un certain temps à la maison, et un jour, des potes m’ont contactée pour les aider à trouver un DJ parce qu’elles savaient que je connaissais pas mal de monde. J’ai dit “bien sûr, je peux vous ramener ça, y’a pas de galère.” En fait je ne connaissais personne, je suis arrivée moi-même le jour de l’évènement avec mon sac [rires].
Tu leur avais pas dit que c’était toi qui allais mixer ?!
Non [rires]. Je suis arrivée avec mon sac à dos et mon petit contrôleur. Je me branche, elles me regardent et disent : “du coup, c’est toi qui vas mixer” ? Je réponds : “Oui c’est moi, les autres n’étaient pas dispo”. C’était la première fois que je mixais en public mais je n’ai pas pris trop de risques parce que c’était un dimanche à 14h, donc je pouvais me tromper. L’évènement est devenu récurrent et ce que j’avais joué avait plu aux gens. Résultat elles m’ont recontactée pour jouer tous les dimanches! Après, techniquement, c’était pas la folie, mais j’avais compris que la sélection musicale que je proposais leur parlait et ça m’a donné confiance.
Tu jouais quoi comme styles de musique ?
J’avais une vrai ADN Hip-Hop début des années 2000 et je jouais pas mal la carte de la nostalgie. Je balançais aussi quelques classiques de musique africaine du début des années 2000. Au début, on me regardait comme une folle parce que c’était surtout la musique qu’on entendait dans les fêtes de famille, donc ils ne s’attendaient pas à l’entendre dans un club. L’Afrobeats n’était pas ce que c’est aujourd’hui, les Davido et Burna Boy ne faisaient pas l’Accor Hotel Arena ou le Stade de France ! Mais j’essayais de pousser un peu ces pépites. Et dès le début, je jouais aussi beaucoup d’edits, des classiques des années 2000 mais re-visités en mode Future Beats ou Baile Funk brésilienne. J’étais vraiment dans ce truc de tout mélanger, Dancehall, Afro, Rap et de voir si les gens accrochaient. Par chance, les gens ont accroché.
Comment tu as réussi à te faire connaitre ?
Alors j’ai utilisé une technique [rires]. À l’époque, j’avais deux blogs, Hype Playground, que j’avais calqué sur Hype Beast, et Black Square. Ma stratégie c’était de contacter les lieux en leur disant que s’ils me bookaient je ferai la promo de l’événement sur mes deux blogs. Et grâce à mes deux médias je connaissais déjà du monde donc ça m’a aussi aidé.
Mais il y a une série d’évènements qui a été un tournant, c’était un salon de créateurs de mode, le AfriMarket qui avait lieu au dessus du Wanderlust. Ça avait lieu tous les samedis après-midi et les gens ont commencé à se passer le mot. Le moment où j’ai senti un shift, c’est la première fois qu’on m’a bookée au Wanderlust. J’avais la pression pour cette date là et j’ai même changé de matériel, j’ai acheté un autre contrôleur Pioneer DDJ SB3.
C’était un test aussi pour les personnes qui m’avaient bookée car ils n’avaient jamais programmé de DJ spécialisé dans l’afro. J’ai commencé à jouer des coupé-décalé, des titres afros et tout le monde s’est mis à crier, j’ai senti que quelque chose se passait. Et je n’oublierai jamais: un petit jeune avec la même tête que Justin Bieber est venu me demander si je pouvais jouer du Mr Eazi [rires]. Là je savais qu’il se passait quelque chose avec l’Afrobeats.
C’était en quelle année ?
C’est en 2017. De plus en plus, on me disait “mets les trucs de musique afro”. Et j’ai vraiment vu le shift arriver et quelque part la consécration en 2019, avec les explosions simultanées de Burna Boy et Rema. Et surtout avec « Dumebi » de Rema, là j’ai vu le shift.
Comment te retrouves-tu à faire les deux premières saisons de l’émission Netflix Nouvelle École ?
Par le biais du fameux stagiaire qui m’a demandé pourquoi je n’étais pas DJ ! Entre temps, il a fini son stage et moi j’ai quitté la boite en question mais on a gardé contact. Il a parlé de moi à sa nouvelle responsable qui travaillait pour le média Vice et qui a trouvé mon travail intéressant. Ils ont fait un reportage sur moi et m’ont demandé de mixer au pot de départ de mon pote. Là bas cette fameuse responsable m’a dit qu’elle partait de chez Vice pour aller chez Netflix, qu’ils allaient faire la version française de Rythme & Flow et me proposait d’être DJ de l’émission… Bon là, on arrête tout [rires] !
Tu devais être comme une dingue !
Oui mais je me souviens que c’était début 2020, donc en plein début de COVID ce qui fait que le tournage a été décalé. Je ne savais pas si ça allait se faire et je n’avais pas trop d’attentes à ce moment. Puis finalement en septembre 2020 ça s’est fait.
Tu as des anecdotes du tournage ?
En vrai, j’y suis allée les mains dans les poches en pensant que j’allais juste appuyer sur un bouton [rires]. C’est quand je suis arrivée sur place et que j’ai compris l’importance de la musique : c’est une émission musicale, sans la musique l’émission ne tourne pas. Le DJ doit être en mesure de balancer les morceaux au bon moment, d’être raccord avec les artistes,… J’ai pris conscience du travail que ça demandait et parfois j’avais l’impression de faire décoller un avion ! C’est-à-dire qu’on te fait le décompte et il faut appuyer exactement à un moment précis, ne pas se rater,…
Le moment où j’ai le plus eu la pression, c’était même pas à la finale mais la première fois que tous les artistes se sont retrouvés sur scène, que je devais jouer les morceaux de chacun et qu’il y avait une élimination en jeu. Je devais prendre des notes en répétitions avec eux pour ne pas oublier les demandes de chacun: “démarre la prod pour moi à 15 secondes”, “je veux une boucle au début”,…
Quel est le candidat ou la candidate qui t’as le plus marqué ?
BB Jacques ! BB Jacques c’est le sang [rires]. En fait je sais pas si je devrais le dire mais le premier jour des répétitions j’étais posée et j’entends juste “On va niquer des mères, wallah” mais je ne vois pas qui parle [rires]. Et là je le vois arriver avec sa petite dégaine de mafieux et je me dis “c’est qui ce gars !”. Il a rappé et je me suis dit que c’était vraiment un personnage, même dans sa manière de rapper, son attitude et tout. Et jusqu’à aujourd’hui chaque fois qu’on se croise, franchement, c’est le sang. Il y a KT Gorique qui m’a beaucoup marquée et Fresh, évidemment, parce qu’à la finale, on s’est vraiment pris une claque. Il y a aussi Dau, dès que je l’ai vu je me suis dit qu’il allait aller loin et Coelho aussi.
Quel est ton regard sur la scène rap français actuelle de manière générale ?
Je trouve qu’elle est très dynamique. Nouvelle École a aussi contribué à ce que je me replonge dans la scène rap français, parce qu’à un moment j’avais un peu décroché.
J’aime beaucoup des artistes comme Leto, Guy2Bezbar, Laylow, Lala & Ace, 13 Block, ou Alpha Wann. En fait j’aime les artistes qui montrent qui ils sont au-delà du département où ils ont grandi. Par exemple Guy2Bezbar va réussir à te placer des extraits de mèmes internet congolais dans sa musique. Lorsqu’il dit dans un morceau “Si vous êtes les meilleurs, soyez les meilleurs” c’est une référence à une vidéo mème d’un chanteur congolais qui s’appelle JB Mpiana. C’est sa manière de se saisir aussi de ce qui fait cette culture et sa culture.
Et j’ai l’impression qu’on revient un peu à ce que c’était à l’époque de Bisso Na Bisso ou même quand Mokobé a sorti le morceau “C’est dans la joie” où il était très enclin à aller chercher dans les sonorités africaines pour nourrir sa musicalité.
Par exemple Niska peut sortir des morceaux drill ou trap mais pour moi, c’est aussi un animateur de N’dombolo ! C’est-à-dire que la manière de poser, le flow, la cadence,… tu mets une instru de N’dombolo en dessous, c’est la même chose. C’est cette musicalité dans le flow qui me parle beaucoup, pareil pour Franglish, Keblack ou d’autres.
Est-ce qu’aujourd’hui ce n’est pas finalement la musique africaine qui donne en grande partie son énergie au rap français ?
Entre autres oui. Il y a déjà la culture du rap français, qui est là et qu’on on ne va pas nier. C’est le deuxième pays au monde où on écoute le plus de rap. Mais c’est vrai que d’avoir ce bonus et de se nourrir de ce qu’on écoutait à la maison pour venir enrichir la proposition musicale ça apporte quelque chose de fort.
Je vais prendre un autre exemple de Guy2Bezbar. Dans le morceau “Guapa” il dit :“Je me saoule au Tchapalo.” Quand il dit Tchapalo, moi ça m’évoque une série télé burkinabé qui passait à la télé quand j’étais enfant, Les Bobodioufs. Et dans la série, tu avais deux troubadours qui allaient tout le temps au Tchapalodrome, c’est-à-dire l’endroit où tu vas boire de l’alcool frelaté. C’est des petits points de référence qu’il réussit à venir glisser comme si de rien n’était dans un morceau.
On a parlé des pionniers qui ont ramené la musique africaines dans le rap français, Bisso Na Bisso ou Mokobé. Tu en vois d’autres?
Il y a aussi les Neg Marrons, Pit Baccardi et Disiz qui a eu une période où il proposait des sonorités très sénégalaises avec la kora et des textes en wolof. Même MC Solaar avec un morceau comme “Hijo de Africa” mélange un riddim jamaïcain avec la kora [instrument traditionnel sénégalais] et c’est très riche musicalement.
Un artiste dont on n’a pas parlé et qui est important dans l’influence de l’Afro dans le rap français c’est MHD avec l’Afrotrap. Comment tu vois ça quand ça arrive ?
Quand ça arrive, je ne vais pas mentir je me suis dit que ça allait être un épiphénomène. Mais après 3, 4 freestyles j’ai vu qu’il se passait quelque chose. MHD d’un côté puis Aya Nakamura de l’autre on eu une contribution indéniable à la re vulgarisation des sonorités africaines en France. D’ailleurs MHD a fait un lien avec les sonorités nigérianes puisque son premier freestyle est sur un morceau de P-Square (« Shekini » NDLR).
Et encore aujourd’hui, on sent dans sa manière d’aborder la musique qu’il cherche à ramener différentes sonorités. C’est comme s’il disait “C’est ça, l’afro qu’il faut faire aujourd’hui”. Les trois morceaux qu’il a sortis en début d’année sont très inspirés de ce qui se fait en Angola. Même les sonorités qui ont fait exploser l’Afrotrap, sont inspirées de la Batida angolaise, c’est très rythmique avec beaucoup de percussions. C’est ce qui lui a permis d’exploser au Portugal ou en Hollande. J’ai l’impression qu’il continue un peu son travail de pionnier, malgré les déboires qu’il a pu avoir.
On a parlé de l’influence de la musique africaine sur le rap français mais en fait on devrait parler “des musiques africaines” avec un grand S car elles englobent beaucoup de sonorités très différentes. Selon toi, quelles sont les plus intéressantes ou influentes aujourd’hui ?
Il y a un genre congolais hyper intéressant qu’ils appellent Congo House je crois. Ils ont aussi une espèce de trap, la Kin Trap (la trap de Kinshasa). C’est très percussif et je pense que c’est des sonorités qui gagneraient à s’étendre. En Côte d’Ivoire, tu as naturellement le coupé-décalé. C’est une musique du début des années 2000, mais qui continue à perdurer on l’a vu avec le freestyle de Sarafina The Great qui a explosé récemment.
Tu as ce que certains appellent les musiques du Sahel. Ça va être un peu tout ce qui est sonorités Haoussa avec des instruments comme des koras ou des talking drums. Les nigérians commencent à incorporer ça dans leurs morceaux. C’est des rythmes traditionnels, mais mélangés avec les sonorités actuelles, je pense que ça aussi ça va prendre de la place.
Et enfin l’Amapiano bien sûr. Je ne pariais pas beaucoup sur ce genre il y a quelques années et j’ai eu tort. La première itération de l’Amapiano était très lente, très aérienne et moi je ne voyais pas trop comment ça allait prendre. Je pense que c’est quand les nigérians ont commencé à s’emparer de la chose, à accélérer les BPM, à ajouter plus de percussions que ce genre a passé un cap. D’ailleurs il pourrait y avoir plus d’Amapiano francophone. Théodora a un morceau Amapiano sur son projet (Bad Boy Love Story NDLR) qui est pas mal. Didi B aussi ou Tiakola avec “Psychologique” mais je pense que les artistes francophones gagneraient à en faire plus.
Et qui sont les artistes africains à suivre absolument selon toi ?
Il y en a beaucoup! Au Sénégal, il y a Nix, qui est là depuis un moment et Dip Doundou Guiss qui est le rappeur sénégalais le plus célèbre. En Côte d’Ivoire, tu as Tripa Gninnin, Himra bien sûr et une rappeuse qui s’appelle Oprah. Au Cameroun il y a Sir Malik, c’est un pote et j’aime beaucoup ce qu’il fait. Il y a aussi Bad Nova, qui a pas mal fait parler de lui. Après en Afrique du Sud il y a artiste qui s’appelle Maglera Doe Boy et qui est un ovni qui fait de la trap avec une voix très grave. Tu as Black Sheriff au Ghana ou encore Qing Madi our Bloody Civilian au Nigéria.
Et que penses tu de la scène UK et de leur version du rap Afro ?
Je suis beaucoup ce qui se passe au UK mais il y a un truc que je trouve dommage avec cette scène, c’est que j’ai l’impression qu’ils se sont fait un peu aspirer à un moment. Je m’explique. Il y avait une spécificité qu’on appelait Afro-Bashment ou Afro-swing. Quand tu entendais ces titres tu savais que c’était UK. Du jour au lendemain ça a commencé à diminuer et j’ai l’impression que c’est parce que les artistes nigérians ont un peu imposé l’Afrobeats au dépend de l’Afro-Swing. C’est dommage mais un gars comme Efosa, j’aime beaucoup ce qu’il fait. Pareil pour Keys the Prince, la rappeuse Enny ou encore Pa Salieu.
On a adoré le dernier projet de Pa Salieu Afrikan Alien chez Backpackerz !
Il y a un morceau qui s’appelle “Allergy” dans lequel il incorpore les sonorités haoussa dont je te parlais justement. Il est gambien mais il va vraiment chercher des sonorités partout et creuser dans les musiques anciennes et ancestrales pour apporter quelque chose de nouveau et afin que ça ne tourne pas en rond.
Pour finir tu peux nous parler un peu de tes autres projets ?
Oui il y a d’abord mon média Black Square, que j’ai créé en 2015 avec pour objectif de mettre en lumière les scènes créatives afro-caribéennes et afro-diasporiques. Ça existe donc depuis 10 ans! On a un site internet et une émission sur Rinse qui s’appelle Black Square Club. Je suis toujours dans ce truc de curation, de chercher toujours un peu la nouveauté ou d’en apprendre plus un peu sur ce qui m’entoure.
À part ça, il y a un truc que j’aimerais bien pousser et pour lequel je milite. C’est la culture des édits, des mashup et des remixes. J’organise d’ailleurs un évènement ce jeudi 17 avril au Titi Palacio qui s’appelle Remix Jam qui est une soirée Blind Test avec des morceaux remixés !
Je trouve que c’est vraiment une autre manière de raconter la musique que d’aller chercher des choses qui, lorsqu’elles ont été créées, n’avaient vraiment rien à voir les unes avec les autres et de les mettre ensemble. C’est aussi en lien avec les origines du hip hop, le sampling et tout ce qui va avec. Mais je trouve que ce qui est d’autant plus intéressant aujourd’hui, c’est que vraiment, tu peux mélanger des choses que les gens ne voyaient pas ensemble.
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Un grand merci à Cheetah pour sa disponibilité et à La Place pour nous avoir permis d’utiliser leurs locaux pour cette interview!