Ray Vaughn – The Good The Bad The Dollar Menu

ray-vaughn-the-good-the-bad-the-dollar-menu
25/04/25

Ray Vaughn

The Good The Bad The Dollar Menu

Note :

L’une des dernières sensations de TDE nous envoie la carte de son menu artistique. Un repas audacieux ou anecdotique? Analyse.

Ray Vaughn est un rappeur de Long Beach, une ville historiquement importante dans le hip-hop grâce à l’incontournable Snoop Dogg. Tout comme Snoop, Ray Vaughn est un passionné de rap et compte sur cet art pour briller dans cette ville remplie de talents.

Néanmoins, puisque la seule dévotion ne suffit plus aujourd’hui, Vaughn a décidé de développer une série de freestyles sobrement intitulée “Freestyle Fridays” où, comme son nom l’indique, il va sortir chaque vendredi du nouveau contenu sur YouTube.

Une stratégie payante puisqu’au-delà du simple engouement local, il va réussir à attirer l’attention d’un des plus gros labels de l’ère contemporaine: TDE.

La signature paraphée en 2020 est loin d’être anodine pour un artiste du coin tel que lui : “Signer avec TDE est une étape importante pour moi puisqu’il s’agit de mon label préféré. Signer avec eux c’est comme signer chez les Lakers, ils n’approchent pas n’importe qui. Tu dois avoir quelque chose qui te différencie des autres donc pour moi, être capable d’intégrer leur équipe m’a donné davantage de confiance.” (Source: HotNewHipHop, 2022)

Depuis cette consécration professionnelle, Vaughn a pris le temps de construire pas à pas sa discographie sans brûler les étapes. On compte entre autres l’EP Peer Pressure sorti en 2021 puis des singles envoyés ici et là afin de prendre la température et de s’exercer avant d’autres étapes artistiques plus importantes. 

Cependant, cela ne l’a tout de même pas empêché de croiser le fer avec l’éminent Pusha T sur le titre “Problems”, un featuring majeur qui prouve que sa vision quasi scolaire de sa carrière peut parfois être alimentée par son ambition débordante et son envie d’être reconnu par ses pairs.

Outre cette collaboration, on retient également sa présence à l’évènement organisé par Kendrick Lamar, “The Pop Out: Ken & Friends” en juin 2024. Un moment d’une importance capitale puisque derrière ce tour d’honneur post-clash avec Drake, il s’agissait surtout d’une excellente mosaïque musicale composant la scène angelino d’hier et d’aujourd’hui.

Maintenant que toutes les cases annexes ont été cochées, il est grand temps de proposer un projet d’une autre ampleur. Pour ce faire, Vaughn a un nom bien précis en tête : The Good The Bad The Dollar Menu. Pourquoi un tel nom? Le principal intéressé a sa réponse : “Le “Dollar Menu” m’a sauvé la vie à plusieurs reprises lorsque j’avais très faim avec seulement 2$ en poche. Le titre est la balance de toutes ces choses. La tracklist n’a pas des appellations typiques de chansons, ça peut interroger les gens. C’est pourquoi j’aime penser que chaque chanson est comme un chapitre de l’histoire que je souhaite raconter.” (Source: Power 106 Los Angeles, 2025)

Au menu de cette histoire, ce sont onze titres qui nous sont proposés par le chef Vaughn. S’agit-il d’une carte trop copieuse? Les ingrédients sont-ils tous bien intégrés à sa vision créative? C’est l’heure de tester ce qu’il nous a concocté.

Une oeuvre à la sauce TDE

Interrogé par Red Bull en 2023 quant à la couleur de sa musique, Ray Vaughn évoquait un son purement TDE : “Mon son est TD-esque. TDE c’est aussi les grands passés avant nous, les Jay Rock, ScHoolboy Q, Kendrick Lamar. TDE a un son unique pour ainsi dire. Nous avons notre propre vibe, notre propre son. Il peut paraître peu orthodoxe mais lorsqu’il résonne, il est vraiment bon.

Ainsi, de son propre chef, Vaughn marche sur les pas de ses collègues en s’inscrivant fidèlement dans la tradition du label qui n’a cessé de redéfinir le son West Coast contemporain. De ce fait, ce projet ne déroge pas à la règle puisque nous avons un beau panorama musical de ce que l’écurie de Top Dawg a pu fournir durant toutes ces années. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures recettes comme le dit le célèbre dicton. Il a en tout cas dû certainement arriver dans les oreilles de notre chef du jour.

Les morceaux “MILES AWAY from heaven” ou “DOLLAR menu” ressemblent à l’esthétique TDE du début de la dernière décennie façonnée par les Digi+Phonics (Sounwave, Tae Beast, Willie B) et THC. D’un point de vue plus actuel, nous avons “XXXL TEE” qui rappelle la période CrasH Talk  de ScHoolboy Q et a fortiori une certaine influence de Cardo vis-à-vis de la manière dont les 808 ajoutent une profondeur sombre mais percutante.

Quant à “LOOK @ GOD”, il invoque ce que les producteurs Mike & Keys, DJ Khalil et DJ Swish savent faire de mieux depuis des années dans la construction d’un banger 100% californien. Dans une certaine mesure, en restant dans la sphère TDE – pg lang, nous pouvons le lier aisément au travail de Sounwave sur GNX.

Enfin, l’ombre de Kal Banx plane sur le duo “EAST CHATT”, “JANKY moral COMPASS” dont le côté vaporeux couplé à des rythmiques trap plus traditionnelles apportent une fraîcheur bienvenue. Toutefois, ce riche melting-pot est à la fois la force et la faiblesse du projet car, bien que les productions soient efficaces au demeurant, elles empêchent le natif de Long Beach d’avoir sa propre identité sonore.

Mis à part l’aspect purement musical, Ray Vaughn capture également l’essence de ses pairs dans la façon de structurer, composer ses morceaux et poser sa voix sur ces derniers. 

On pense notamment à Jay Rock ou ScHoolboy Q dans la science imparable des refrains (“XXXL TEE”), à la construction quasi cinématographique voire théâtrale de ses sons à la DAMN / Mr. Morale & The Big Steppers de Kendrick Lamar (“FLOCKER’S remorse”, “DOLLAR Menu”, “SUBURBAN KIDZ”), la mélancolie d’un Ab-Soul (“FLAT shasta”) ou encore le flow laid-back d’Isaiah Rashad (“3PM @ DAIRY”, “JANKY moral COMPASS”).

Par ailleurs, Jay Rock et Isaiah Rashad sont présents sur ce projet et accompagnent parfaitement Vaughn sans l’éclipser et ce, malgré les similitudes évoquées plus haut.
En effet, bien qu’on tire le fil TDE assez facilement, Vaughn est cependant loin d’être une copie conforme de cette liste d’artistes mais synthétise plutôt leurs qualités, ce qui rend l’écoute surprenante compte tenu du potentiel qui s’en dégage.

Si ce dernier parlait de TDE comme étant son label préféré, ce n’est pas un hasard puisque chaque morceau donne l’impression d’une étude approfondie du travail de ses mentors susnommés.

En revanche, si on évoquait précédemment un manque d’identité sonore chez Ray Vaughn, il a le mérite de cultiver sa propre singularité dans l’incarnation de la transmission des messages relayés dans ses textes. Cela se traduit par une interprétation bluffante au micro, renforçant de facto l’immersion dans l’histoire qu’il nous raconte.

Cette signature vocale couplée à sa qualité d’interprète constituent ses armes les plus solides afin de prodiguer une base extrêmement solide à l’œuvre.

Notre principal intéressé voit dans son mode d’expression un moyen de retourner aux bases du hip hop héritées des plus grands qui se sont peu à peu désagrégées au fil du temps : “Pour progresser, sois juste sûr de garder une intégrité totale. C’est un art qui se perd. J’ai quelques morceaux où je n’ai pas de punchline à proprement parler mais juste un message comme 2Pac a pu le faire. Il n’avait pas des métaphores dans chacune de ses chansons. Il était très direct, disait ce qu’il savait à dire et tu le ressentais.” (Source: Billboard, 2025)

Néanmoins, Vaughn a un autre ingrédient encore plus convaincant: l’écriture.

La gourmandise introspective

Pour peu qu’on connaisse l’artiste, celui-ci n’a jamais été avare en informations concernant son passé, que ça soit en chansons ou en interview où il se révèle être un sacré client tant il se prête naturellement au ping-pong verbal des questions / réponses. L’aspect promotionnel mis de côté, ce sont surtout des prises de parole ponctuées d’anecdotes marquantes qui se veulent être des clés de compréhension voire un  prolongement de sa musique à caractère introspective. 

Dans ce marathon promotionnel, c’est notamment au micro de DGB Média qu’il s’est épanché sur son passé ô combien sinueux : “À l’époque, on était réellement dans la pauvreté. Nous étions sept enfants à la maison et ma mère n’avait que 25 ans donc on se serrait les coudes pour ne pas vriller mentalement. Pour nous, c’était normal mais c’est en grandissant que j’ai compris que ça ne l’était pas. Ce n’est pas normal de vivre dans une maison sans électricité pendant deux ou trois mois.” 

Cette pauvreté, moteur de sa rage, s’inscrit à la fois dans le nom du projet mais également dans ses textes. Ceux-ci sont d’une honnêteté aussi surprenante que déconcertante compte tenu de l’éventail de sujets personnels passés au peigne fin. Qu’importe la gravité, Vaughn met tout son cœur dans son art pour notre plus grand plaisir. 

Logiquement, la santé financière est évoquée (“FLOCKER’S remorse”) mais également les moments de doute (“JANKY moral COMPASS”) ainsi que les traumatismes générationnels (“3PM@DAIRY”).

Indépendamment de ce souci de transparence mis en exergue, il convient surtout de mettre en avant la qualité de sa plume sublimée par cette interprétation qu’on mettait en lumière plus tôt. Cela donne des textes poignants et incroyablement percutants comme sur l’excellente outro  “SUBURBAN KIDZ” qui traite de violence physique et d’addictions :

Auntie hit me in my face with a bottle

And said sorry when the damage was done

In actuality, it was really ‘posed to land on her son

Boiled extension cords to beat him on his back so it stung

Family gatherings, Jack Daniels was in attendance

My whole family been strugglin’ with addiction

ou encore sur “MILES AWAY from Heaven” qui aborde le thème de la dépression : 

I know depression, I met her and fell in love

Fuck a hug, I found a best friend with the drugs

Hopefully this pill’ll turn me back to person that I was

‘Cause honestly, I’d rather go to Xanny bars than to a club

The only one who really loves me is the plug

Plongé dans l’oeil du cyclone, Ray Vaughn reste lucide sur son environnement pour aller de l’avant malgré les stigmates toujours présents comme sur “FLAT Shasta” :

  “Momma, your mind like a drink left in the sun

The bubbles are gone, the damage is done

But I keep pouring my love into your glass

Praying one day this storm gon’ pass

Si nous avons souvent tendance à dire que les premiers projets des artistes résultent d’une vingtaine d’années de maturation artistique, autant dire que nous sommes face à une œuvre de cet acabit. 

Bientôt âgé de trente ans, Ray Vaughn possède un bagage émotionnel assez conséquent sur lequel s’appuyer afin de créer un projet digne de ce nom. Cette dignité s’appuie surtout sur une vérité, une mise à nu intégrale qui complimente à merveille le propre de l’art, à savoir sa dimension cathartique : “C’est un moyen de faire face aux émotions. (…) C’est comme une thérapie. (…) C’est comme partager un journal intime avec tout le monde.” (Source: Red Bull Music, 2023)

Cette forme de journal intime qu’il évoque repose surtout sur une volonté bien spécifique de la part de l’artiste qui est de celle se démarquer de ses concurrents parfois monolithiques concernant leurs émotions : “Je pense que c’est important de parler de tous ces sujets dans ce disque car on n’en parle pas dans notre communauté. La santé mentale est ignorée.” (Source: The Ebro Show, 2025)

Dans cet élan thérapeutique, il se joint à la liste des rappeurs ayant couché leurs maux sur des chansons afin de démocratiser l’importance de la parole à l’épreuve de la santé mentale, que ça soit Tyler, The Creator, Kendrick Lamar, Vince Staples, Denzel Curry et Dave ou bien Luidji et Tuerie dans le paysage francophone pour ne citer qu’eux.

C’est cette dite intégrité qui ne cesse de le pousser à se dépasser mais aussi à proposer une œuvre qui respecte à la fois son auditoire mais aussi l’acronyme de sa discipline de prédilection : Rhythm And Poetry.

Cette éthique de travail fait sensiblement écho aux conseils de Lil Wayne qui, au sein de sa Young Money Radio, disait à Cordae qu’il fallait toujours composer chaque morceau comme s’il s’agissait de la première introduction du public à l’artiste. De ce fait, l’intégrité et le respect de l’art ainsi que du public sont des facteurs clés qui permettront à Vaughn d’aller encore plus loin qu’il ne l’est actuellement.

Toutefois, bien que le ton global demeure plutôt sombre, il s’autorise quelques pas de côté plus légers : “Parfois je suis sérieux, parfois non. (…) Les gens me voient comme un artiste sérieux alors je pense que dévoiler ma personnalité dans ma musique est un bon moyen de leur montrer qui je suis. (…) Je peux nourrir tous types d’oreilles.” (Source: Power 106 Los Angeles, 2025) 

Puisque le chef le suggère, l’heure est venue de passer à la suite.

Un menu qui cloche?

Comme il le souligne lui-même, l’artiste n’hésite pas à alléger sa formule afin de rendre son œuvre la plus digeste possible sans qu’elle soit dénuée de sens pour autant. On retient notamment le morceau “KLOWN dance” ou encore “LOOK @ GOD” avec LaRussell dont l’énergie débordante titre permet au projet d’élargir sa palette à un moment opportun de l’album.

Néanmoins, à mesure que les minutes du projet s’égrènent, nous nous rendons compte d’un très haut degré de précision quant à la cohésion de ce projet. Si Vaughn et TDE ont bâti leur communication autour d’un format mixtape, nous nous voyons dans l’obligation de réfuter cette idée tant la solidité, la fluidité des transitions ainsi que l’efficacité rapprocheraient plutôt l’œuvre d’un album.

Bien que les interrogations puissent être vives concernant la réflexion du format en question, il s’agit en premier lieu pour Vaughn de prouver qu’il est capable d’insuffler le même sérieux et ce, qu’importe la définition du projet à l’instar d’un 50 Cent : “L’un des premiers à avoir fait ça, c’était 50 Cent. C’est l’un de mes artistes préférés. Pour moi, avec ce projet, il s’agit de donner le ton, poser les fondations de qui je suis pour que le public comprenne d’où je viens. Selon moi c’est un art qui se perd, les gens y prêtent moins attention qu’auparavant, consomment la musique différemment.” (Source: The Ebro Show, 2025)

Toutefois, l’école TDE a toujours su se distinguer des autres labels par la façon dont chaque œuvre est traitée et où celle-ci ne dispose d’aucun détail négligé, que ça soit dans le séquençage habile de la tracklist ou bien l’enrobage marketing personnalisé selon chaque artiste.

Dans l’histoire récente du label voire même de l’industrie, il est impossible de passer à côté du cas Doechii dont la notoriété n’a cessé de croître depuis la parution d’ALLIGATOR BITES NEVER HEAL en plein été 2024. Si la success story de ce projet veut nous mettre en tête qu’il s’agit d’un album, en réalité ce n’est qu’une mixtape trompe-l’oeil puisque l’auto-proclamée “Swamp Princess” déclarait que ce n’était qu’un “avant-goût” de ce qu’elle proposerait à l’avenir. 

Une déclaration aussi énigmatique que surprenante compte tenu des qualités plus ou moins similaires à ce qui a été mis en lumière sur le projet de Ray Vaughn. Pourtant, la direction artistique digne d’un album était de haute volée, à tel point qu’elle est aujourd’hui lauréate du Grammy du meilleur album rap de 2024.

Une certaine épiphanie qui a le mérite de soulever une véritable question quant à la nuance de la définition d’un projet. Loin d’ouvrir le débat pour autant, cette problématique se posait déjà lors de la remise du même Grammy en 2017 pour Chance The Rapper et sa mixtape Coloring Book dont le succès l’a propulsée au rang d’album au regard de l’industrie. Si les artistes doutent, alors les bureaucrates trancheront à leur place au grand dam des créateur·ice·s.

Cependant, bien qu’il ne s’agisse que de simples élucubrations de marketing musical pour une grande partie du public qui ne souhaite uniquement de la musique, cela a le mérite d’apporter une donnée importante sur la pression ressentie par certain·e·s acteur·ice·s du milieu.

À cet égard, si Ray Vaughn avouait au micro d’Ebro qu’il “trompait” volontairement le public sur la définition du format dans l’unique but de vouloir le surprendre, sa collègue de label évoquait quant à elle une différence vis-à-vis de l’horizon d’attente entre ces deux formats : “Il y a beaucoup moins de pression autour d’une mixtape que d’un album. Lorsque tu crées un album, c’est une toute autre attente car il doit être mieux structuré ou fluide selon moi. Je voulais qu’ALLIGATOR BITES NEVER HEAL soit brut, imparfait, long mais libre de toute contrainte. Ce projet m’a inspiré pour créer à l’avenir des albums d’une façon différente mais toute aussi chaotique.” (Source: The Forty-Five, 2024)

Une liberté acquise concernant la formule de création, certes, mais au prix d’une angoisse opérant telle une épée de Damoclès. 

En effet, ladite pression de l’exécution du format n’échappe pas au rappeur de Long Beach qui vraisemblablement, cauchemarde d’un hypothétique rendez-vous manqué avec son public : “Je ne veux pas définir un projet comme un album si celui-ci n’en n’est pas un pour moi. J’ai toujours dit que je voulais y aller à fond avec mon premier album. Ça compte vraiment pour moi. Tu peux avoir fait mille mixtapes et “flopper” mais si tu “floppes” avec un album? C’est quelque chose qui heurterait fortement mon ego.” (Source: Billboard, 2025) 

Au-delà de s’affranchir des sempiternels codes marketings de labels, il résulte ni plus ni moins d’un poids parfois trop lourd à porter pour certain·e·s artistes ayant à cœur de créer une discographie solide.

On ne peut s’empêcher de penser aux propos d’Aminé dans le clip promotionnel sorti à l’aube de son projet ONEPOINTFIVE en 2018. Celui-ci singeait ironiquement le tiraillement intérieur de l’artiste autour de la porosité d’une définition consensuelle: “Les mixtapes sont des albums et les albums sont des mixtapes. Si les mixtapes n’ont pas de succès alors ce sont des EP!” (Source: Clip promotionnel ONEPOINTFIVE? d’Aminé, 2018)

Cette confusion hanterait donc les plus “petits” artistes là où ceux qui trônent fièrement dans l’Olympe du mainstream tel Drake et sa “playlist” More Life ou Kanye West et sa série d’albums de sept titres (plutôt propices à un format EP) n’ont que faire de cette appellation puisque leur héritage artistique parle déjà pour eux. Cependant, ce faible pourcentage dans lequel ils font incontestablement partie cache une réalité stressante vécue par les artistes perdus dans la jungle de l’industrie musicale.

De ce fait, l’envers du décor relève parfois d’une maladresse de label mais également d’un chaos intérieur vécu par les principaux concernés que sont les artistes. Bien que The Good The Bad The Dollar Menu ne soit en réalité “qu’une” mixtape, notre étonnement n’est en réalité qu’un grand éloge à la lumière de la qualité qui nous a été servie. Qu’importe le format, à la fin ce qui compte c’est la musique.

Avec ce projet, Ray Vaughn frappe un grand coup au sein d’un label composé de gros mastodontes du genre. Son énergie est contagieuse à tel point qu’il parvient à nous emmener avec lui dans son histoire aussi puissante que touchante, à l’image d’un rêve américain qu’il semble incarner pour l’instant.

La qualité de sa plume ainsi que son interprétation sont bluffantes à tel point qu’il se démarque d’un bon grand nombre de ses homologues. Vaughn vit et respire le hip hop et c’est cette passion dévorante pour le genre qui le rend encore plus pertinent au-delà de ses qualités intrinsèques.

Puisqu’il ne cesse de jouer avec notre appétit musical, le chef Vaughn déclarait ceci avec poésie : “Je perfectionne ma pizza aux pepperoni avant de dire que je peux proposer des ailes de poulet, des salades voire des calzones. Ce projet c’est ma pizza aux pepperoni.” (Source: Billboard, 2025)

Quelque soit la suite du menu, que ça soit un album ou une mixtape sous la cloche, nous avons hâte de réserver une nouvelle table. Tant que le chef n’est pas sous pression pour qualifier son menu signature, finalement ça nous va.