Behind The Beat : Clem Beatz

Behind The Beat : Clem Beatz

Alors qu’il s’apprête à sortir son EP Trouble In Paradise le 19 février prochain sous le label Dealer De Musique (DDM Recordings), le beatmaker français Clem Beatz a pris le temps de répondre à nos questions. Âgé de 25 ans, le beatmaker originaire du Var s’est fait connaître grâce à des projets porteurs comme Itinéraire. Véritable musicien de formation, Clem Beatz est revenu pour nous sur ses différentes influences : du Jazz au Hip-Hop en passant par le rock.

The BackPackerz : Clem Beatz, qui es-tu ?

Clem Beatz : Une grande perche de 1m95 surnommée Clément, j’habite dans le Sud de la France (Hyères Les Palmiers). Je commence à me faire vieux du haut de mes 25 ans, mais les délires n’ont pas vraiment changé avec l’âge. Concerts, sortir boire des bières, composer, marcher des heures avec de la musique dans les oreilles et puis la photographie.

Quel est ton parcours ? 

J’ai obtenu mon BAC STG en 2010, j’ai ensuite « testé » différentes choses sans jamais ne rien trouver qui m’intéressait (fac d’éco, fac information, formation infirmier, formation de technicien du son..). Je pense qu’au fond de moi j’avais toujours cette envie de faire de la musique, de tenter ma chance jusqu’au bout.. ne pas le faire à moitié. Durant quelques années je n’ai jamais eu le courage de me lancer réellement (c’est vraiment début 2015 que j’ai tout fait à fond). Je suis musicien (guitariste) depuis le collège (depuis 13 ans environ), j’ai joué en groupe pendant pas mal de temps. Des groupes de Rock, Pop et un groupe de Hip-Hop nommé L’Eau Dans l’Jazz jusqu’en 2013. Ces expériences m’ont permis de découvrir la joie des répétitions, des concerts, des enregistrements à l’arrache à la maison, mais aussi des enregistrements dans un studio plus professionnel.

https://www.youtube.com/watch?v=-W-C85RqKFQ

Dans quel(s) styles classerais-tu ta musique ? 

Voilà la question qui fâche ! Le style varie entre du Hip-Hop, Jazz, Electronic, Trip Hop. Je n’aime pas me mettre dans une case particulière (il n’y a d’ailleurs pas de case particulière à mon sens). C’est un énorme mélange de tout ce que je suis, tout ce que j’écoute depuis le collège, mon amour pour le Rock, la pop anglaise, puis le Hip-Hop un peu plus tard, le trip hop (pour faire court). Police m’inspire, Toto et Pink Floyd aussi. Les solos d’AC/DC m’inspirent, les caisses claires de 9th Wonder m’inspirent, la manière dont Apollo Brown découpe ses samples, la musicalité d’un Flume ou 20syl m’inspire beaucoup. La mélancolie de Bon Iver, Patrick Watson, et j’en passe…

Itinéraire est un concept qui a obtenu beaucoup de visibilité au vu du nombre d’artistes présents. Je t’ai découvert pour ma part sur le morceau « Corde sensible » en même temps que Pepso Stavinski d’ailleurs. Peux-tu nous parler un peu plus de ce projet ? 

Itinéraire est le résultat de l’ensemble des rencontres (physiques ou virtuelles) que j’ai pu faire durant l’année 2012 et 2013. Je voulais regrouper tout ce petit monde dans un seul et même projet, et surtout proposer un large choix d’ambiances selon le MC. De Pand’Or à Pepso pour les français, de RacecaR (Chicago) à Chima Anya (Londres). Je suis, encore aujourd’hui, très satisfait du résultat. Le tout avait été mixé par Le Studio 168 à Paris. J’avais commencé l’élaboration d’un second volet pour être honnête… mais je me suis vite rendu compte que le délire « Hip Hop Jazz » s’était un peu estompé avec le temps (enfin plutôt je devrais dire qu’il a évolué). Je commençais à mettre plus d’électronique dans mes morceaux, un peu moins de samples et beaucoup plus de compo. Ca ne collait donc plus vraiment à l’ambiance de Itinéraire.

Chima Anya & Clem Beat’z – After All This Time fut quant à lui un projet en configuration 1 beatmaker vs 1 rappeur. Comment s’est faite la connexion et le projet ? Qu’est-ce que tu aimes dans ce type de configuration ?

La connexion avec Chima s’est faite par l’intermédiaire d’un ami beatmaker que nous avons en commun Slone, beatmaker dont j’apprécie énormément le travail depuis maintenant pas mal de temps. Chima Anya avait collaboré avec lui quelques années auparavant et j’étais tombé sur ce morceau « Change » sur iTunes… J’étais resté con derrière mon ordi, cette voix et ce flow me filait la chair de poule. J’ai donc pris le contact de Mr Anya et je l’ai invité sur Itinéraire. Il a tout de suite accepté et a bossé dès le lendemain sur le morceau (c’est le tout premier morceau que j’ai terminé pour l’album, le mec était beaucoup trop efficace).
Ce que j’aime dans cette configuration, c’est l’intimité qui se crée au fur et à mesure que l’EP avance, je peux me permettre de tester de nouvelles choses, le fil conducteur restera le flow et la voix de Chima. Ca permet de voir jusqu’où nous pouvons aller, quel style nous pouvons travailler ensemble, élargir notre palette.

Avec Return to Basic, tu mettras ensuite tous les fans hip-hop ascendant jazz d’accord. Pourquoi ce retour aux bases ?

Ce projet a été élaboré à mon retour de Paris (durant 7 mois), je revenais dans ma ville natale. Après une période un peu difficile moralement, le projet respire le soulagement. C’est là que j’étais le plus efficace artistiquement à l’époque. Je ne sais pas si c’est toujours le cas aujourd’hui, mais j’aime vraiment cette région, cette ville.

Dans ton EP Du Lundi au Dimanche, tu as créé un beat pour chaque jour de la semaine. Elles sont comment tes semaines en ce moment ?

Mes semaines en ce moment c’est: finition de mon EP, envoi de mails, réception des acapellas, renvoi des tests, refonte des structures, changement du son d’un piano, changement de la place d’une caisse claire, etc… Et à côté de ça je sors pas mal, je commence à me mettre à la photographie, je prépare un voyage en Australie pour la fin d’année. Concrètement, je suis bien occupé.

Le jazz est très présent dans ta musique. Cela se retrouve d’ailleurs chez beaucoup de beatmakers français. Pourquoi selon toi ? Quel est ton rapport au Jazz ?

Sampler de la musique jazz est toujours très agréable pour moi. Il est facile de faire passer telle ou telle émotion à travers un sample de piano, de saxophone, contre basse. On me demande pas mal de HipHop/Jazz depuis deux ans. Les gens ont l’air de beaucoup apprécier.
Pour ma part j’ai pas mal de vinyles de jazz venant de mes grands-parents, et certains que je me suis procuré chez différents disquaires. J’aime en écouter pour me reposer un peu les oreilles, affalé sur un canapé en grignonant tout un tas de conneries salées…

Tu écoutes quoi en ce moment ? Quelques artistes ou morceaux tu nous conseillerais ? Un album marquant ?

En ce moment j’écoute beaucoup Kendrick Lamar, Rapsody, Anderson .Paak (que j’ai découvert dans le dernier album de Dr. Dre), le dernier album de Mac Miller est également une tuerie !
Les projets du label Mello Music Group, Jakarta Records, le dernier projet de 9th Wonder et Talib Kweli  (ndlr : intitulé Indie 500) est aussi très bon. Dans un autre style, j’écoute pas mal le nouveau projet de la famille Chedid.

Que faut-il surveiller dans les semaines et mois qui viennent dans ton actualité ?

Un EP qui va sortir en fin d’année sous le label Dealer De Musique. Je prépare aussi un projet avec le rappeur Days (une sorte de storytelling), et puis je suis aussi en train de bosser sur mon site web. J’ai aussi produit l’album du rappeur marseillais Nomademcee.

On finit en musique avec une sélection de 10 morceaux de Clem Beatz.