GoldLink – And After That, We Didn’t Talk

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Janvier 2016

GoldLink

And After That, We Didn't Talk

Note :

Attention, OVNI !  Même s’il n’est plus anonyme depuis 2013 et ses premiers pas dans l’industrie musicale, GoldLink est de ces artistes auxquels il est difficile de coller une étiquette (tant mieux !) et qu’on n’est plus surpris de retrouver dans la discothèque des amateurs d’électro comme des hip-hop heads. Justement, le dernier projet auquel il a donné vie, And After That, We Didn’t Talk est bien empreint de cette marque.

Celui qui assume la paternité du Future Bounce – genre musical à la croisée des chemins entre le down tempo mélodieux et le hip hop – a préparé au mieux la fin de l’année 2015 en sortant donc son dernier opus sous la bannière Soulection. Excusez du peu. Tout avait été prévu pour cette année majeure dans la carrière du rappeur de DC, déjà distingué dans la promotion XXL Freshmen de 2015. Et d’ailleurs la rédaction du magazine ne s’y est pas trompée. Il faut dire que GoldLink avait préparé le terrain et accru sa notoriété en sortant quelques tracks remarquables et remarqués  dès 2013 via son compte SoundCloud dont cette reprise des… TLC (« Creep ») qui a su séduire les nostalgiques comme les néophytes tant la rythmique d’Austin Dallas était efficace et les lyrics posés par le sieur d’une fraîche modernité.

GoldLink – « Creep »

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Dès ses premiers projets, sa musique est marquée par son éclectisme et la variété des influences qui l’inspirent. Même à l’écoute de sa voix et de son flow, on hésite sur la provenance de cet artiste original tant il paraît régurgiter une large palette d’influences. Son flow semble tantôt provenir du grime anglais tantôt de la scène underground US, sa prose est emplie de pop américaine et sa musicalité, arrachée aux plus douces mélodies électro, paraît sentie pour le dance floor.

Sa musicalité justement. C’est une marque supplémentaire du parcours de D’Anthony Carlos, son nom à la ville, qui a très tôt travaillé avec des producteurs du calibre de SBTRKT, Flume, Kaytranada (via The Celestics), Chet Faker ou encore Rick Rubin sur le label duquel (Def Jam Records) il sort sa première mixtape, The God Complex, dont les retours ont été dithyrambiques.

The Celestics – « Funeral feat. GoldLink »

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A la lecture de ces noms ronflants, il est certain que la communauté artistique lui témoigne une jolie confiance dont il se pare quand il travaille sur son dernier projet et premier album, le finalement très personnel And After That, …

Très personnel car ce projet est le récit d’une histoire d’amour qui a profondément marqué son auteur et dont il nous narre les déboires. On sait juste que cette personne a tantôt été une muse, un fantôme ou une allégorie de l’amour. Sur “Dark Skin Woman” par exemple, morceau rappé au refrain chanté, il l’encense en en faisant une étoile. La musique y est riche d’un saxophone aux harmoniques très jazzy et d’un clavier distillant des notes bigarrées qui donnent beaucoup de rythme à ce morceau résolument positif et court.

Au début de “Spectrum”, on se croirait dans un club londonien aux néons filtrant la lumière blanche et aux stroboscopes épileptiques. Tout le morceau pue le grime. De l’insert à la voix féminine et au bel accent hackney, en passant par la musique qui traduit bien la ronde à laquelle se prêtent les deux amants qui finissent par s’éloigner comme pris par la force centrifuge de leur ballet.

GoldLink – « Spectrum »

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Hasard du mixage… “Dance On Me”  parle justement de danse et de la manière dont le désir consume notre ami. Musicalement,  des grosses caisses efficaces, un rythme accéléré à l’approche du refrain et le même flow toujours prenant, presque en rupture mais qui ne cède jamais. Ça marche pas mal et c’est sûrement pour cette raison que ce morceau a été choisi comme premier single du projet.

GoldLink – « Dance On Me »

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Enfin, mentionnons la participation de l’omniprésent Anderson .Paak qui semble avoir été de tout ce qui se faisait de bon et de talentueux sur la côte Ouest en cette année 2015 (sur « Unique« ). Le moins que l’on puisse dire, c’est que leur collaboration fonctionne à merveille tant les 2 MC sont consumés par leur art et la volonté de ne pas se laisser borner par un style. Fort à parier d’ailleurs que ces deux là se retrouveront à l’avenir pour discourir de leur talent et le soumettre à nos oreilles. Concernant le morceau en lui même, l’ambiance musicale est proche de ce qu’avait proposé .Paak sur Venice et c’est donc une affaire qui roule.

Pour résumer, voilà un opus dans la continuité de ce que sait proposer GoldLink, aidé en cela par des producteurs en devenir ou de renom (Tom Misch, Louie Lastic ou Jordan Rakei), et dont la musique fait la tendance du moment même au delà du hip-hop. Un bel opus plaisant à écouter qui sera en mesure de séduire un public de mélomanes certes, mais dont la base est plus étendue que d’autres projets aux reflets moins éclectiques. A titre personnel, le disque a très bien tourné en retour de soirée quand il a s’agi de calmer l’excitation de la fête. Un projet doux donc, parfois trop tant il aurait été plaisant de voir le flow de GoldLink se mesurer à des beats plus secs ou plus tranchants comme il a su le faire par le passé. Mais c’est du bon boulot et c’est rafraîchissant. De plus, la direction artistique prometteuse donne envie de connaître la suite. On prend puis on attend.