Diamond D – The Diam Piece

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Septembre 2014

Diamond D

The Diam Piece

Note :

Pour le junky de rap New-Yorkais que je suis, un album de Diamond D est toujours un mini évènement. Alors forcément, quand j’ai vu surgir début 2014 le premier extrait de The Diam Piece (« Rap Life« ) avec Pharoahe Monch, je n’ai pu m’empêcher de repenser à toutes ses claques que m’avait mis le producteur du Bronx: Stunts, Blunts & Hip-Hop, D.I.T.C ou encore le « Hip-Hop » de Mos Def…

Mais là où mon coeur s’est quasi arrêté c’est à la découverte de la liste des feats de cet album. Entre mes héros des 90s (Pete Rock, Pharcyde, The Liks ou Masta Ace) et mes coups de cœur de ces dernières années (Elzhi, Rapsody, Kev Brown ou encore Evidence) Diam’s Piece a des allures de All Star Game du rap US.

En bon fan averti, je ne me laisse pas décontenancer par la tracklist et entame une première écoute du projet en tentant de faire taire mes attentes. D’entrée, je reconnais ce que j’aime chez D: un son chaud et des drums qui semblent avoir été travaillées des nuits entières. Étonnement, le son est super clean. On est finalement loin des instrus crades à la SP-1200 dont Diamond était un des fers de lance au début des 90s.

Le second morceau me semble un peu mou mais dès qu’Elzhi s’empare du mic, je n’ai d’autres choix que d’écouter. Cela fait bien trop longtemps que j’attends le retour du emcee de Detroit pour bouder un couplet…même sur une instru moyenne. En plus le thème me parle. On nous montre, en toute sincérité, l’envers du décor de l’industrie rap, les galères de la vie d’artiste quand on est pas Jay ou Kanye…un amusant contre-pied aux tendances « show off » du rap actuel.

J’avance un peu dans l’album. Ce n’est pas la révolution mais putain ça tape quand même ! Bon, les refrains sont souvent pourris. D. ressort même Akon sur le morceau avec Pete Rock « Only Way To Go« … On a dit qu’on y touchait plus merde !

La première grosse baffe de l’album arrive à la track 7: « Pump Ya Brakes » sur lequel Diamond D réunit le trio féminin Boog BrownStacy EppsRapsody en mode cypher sur une boucle entêtante.

Le morceau avec Kurupt et The Liks est bof, idem pour celui avec Hi-Tek. Ah tiens, j’ai malencontreusement zappé toutes les tracks sans featurings, putain c’est dingue pourtant Diamond D est un bon rappeur…lol

Track 13, un feat avec Nottz, les producteurs qui s’invitent entre eux c’est cool mais ça fait pas de miracle en général…Ok je la ferme le morceau TABASSE ! On peut dire ce qu’on veut mais des mecs qui savent faire des instrus boombap aussi groovy ça ne court pas les rues en 2015.

Il me reste 6 tracks, si le reste de l’album suit le même ratio que les 13 premières je devrais avoir une track bien et un banger… Ok la première c’est « It’s Magic » avec Evidence et Alchemist. (hater mode: on) Finalement quand ALC ne produit pas il ne me dérange pas… (hater mode: off).

La troisième et dernière baffe de l’album est donc « Ace of Diamonds » avec tonton Masta Ace qui reste, pour moi, le vétéran le plus régulier de sa génération. Le beat est raw à souhait et Ace le défonce de sa voix tranchante. Si tu n’es pas paraplégique, tu devrais bouger la nuque.

Sur The BackPackerz, nous avons pour habitude de ne vous chroniquer que nos vrais coups de coeurs, les albums qui, selon nous, méritent de ressortir du millier de releases qui innondent chaque jour nos streams Facebook, Twitter ou Soundcloud. Une fois n’est pas coutume, ce Diam Piece n’est pas de ces albums.

Alors pourquoi, suis-je en train d’en lire la chronique me direz-vous ? C’est bien simple, j’ai eu envie de chroniquer ce disque car il est révélateur de trop d’albums de rap (et de musique en général) depuis plusieurs années. A l’heure où le succès d’un album se juge à la qualité des 2 ou 3 tubes présents sur celui-ci ou alors qu’un bon clip peut faire dire à certain qu’un album est « déjà un classique »; c’est ce déclin qualitatif du format album que j’ai voulu souligner dans cette sortie aux airs de compilations, voire de mixtapes.

La course au tube est inévitable et nécessaire pour que la musique reste un divertissement mais trop d’artistes n’ont pas compris que la plupart des gens qui continuent à acheter des CDs, des vinyles (ou à payer un abonnement Deezer ou Spotify) le font pour écouter des albums: ce format qui oblige l’artiste à concentrer sa créativité dans un projet artistique d’environ 90 minutes avec un début, une fin, une cover et un putain de titre.

Heureusement pour moi, j’ai pu laisser mes 3 tracks de Diam’s Piece tourner en playlist et un petit gars de Compton m’a concocté un vrai album digne de ce nom il y a quelques semaines…