10 « closing tracks » qui ont marqué l’Histoire du Rap US

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10 « closing tracks » qui ont marqué l’Histoire du Rap US

Quoi de mieux pour conclure un album qu’un morceau vraiment marquant. Une dernière impression importante pour l’auditeur qui peut changer sa perception d’un projet, si elle est réussie.

En début d’année nous vous avions listé 10 « opening tracks » légendaires de la culture Hip-Hop, rien de plus logique en cette fin d’année que de s’occuper maintenant de ces titres mémorables placés en toute fin de tracklist.

Ce morceau stratégique a la dure tâche de laisser une dernière impression. Autant dire que le choix de ce titre est plus que capital dans la composition d’une tracklist, et rarement choisi au hasard. Nous vous avons donc listé 10 closing tracks qui dégagent une sensation particulière quand ces derniers s’arrêtent pour laisser place ensuite à un silence pesant de fin d’album…

Petite précision qui a son importance avant de débuter cette liste : elle contient uniquement des titres qui ne sont pas estampillés bonus track et qui n’ont pas servi de single avant la sortie de ces albums. Des morceaux qu’on découvre donc bien pour la première fois lors de l’écoute initiale de ces projets.

Chance the Rapper – « Everything’s Good (Good Ass Outro) »

Album : Acid Rap (2013)

Quelques accords de piano, une rythmique entraînante et des cuivres pour conclure, il n’en faut pas plus pour faire de ce morceau produit par Cam O’bi une conclusion quasiment parfaite sur le plan sonore. Rajoutez à cela un Chance qui se lance dans une introspection des plus touchantes avec un discours émouvant de son père en préambule, et vous obtenez une fin en apothéose à cet album Acid Rap. Un projet qui permettra à l’artiste de Chicago de devenir une véritable star et surtout d’évoluer positivement en tant que personne, comme le nous raconte ce titre : « I ain’t really always been a good guy, I used to be thirsty thievin’ / Runnin through purses, even persons leave ’em hurtin’, bleedin’ / I ain’t really help the helpless / I used to be worse than worthless ».

Mobb Deep – « Apostle’s Warning »

Album : Hell On Earth (1996)

Comme souvent dans un album de Mobb Deep, c’est Havoc qui s’occupe du warm up et lance le tempo de ce morceau. La suite, c’est l’entrée en piste de Prodigy avec ce qui restera comme l’un des couplets les plus marquant de sa discographie. La performance au mic est dantesque et on ressort de ce titre complètement sonné par les assauts verbaux répétés. Avec ce deuxième succès d’affilé, suite à l’album The Infamous en 1995, P s’imposera comme l’un des meilleurs rappeurs de sa génération. Une technique et une voix unique qui nous ont quittés tragiquement en 2017.

« My formulae : I live life do or die / Stare into the eyes of a deep wiseguy / Prodigy, turnin’ niggas to protegés / My protegé, I advise ya ass to make way » (Prodigy)

Run The Jewels – « Angel Duster »

Album : Run The Jewels 2 (2014)

Avec ce second projet, le duo composé de Killer Mike et El-P confirmera tout le bien entrevu sur leur première sortie et deviendra l’un des groupes les plus marquants et constants de cette décennie 2010. La production agressivement mélodieuse est la définition même de l’univers revendiqué par RTJ et son concepteur sonore El-P. Côté lyrics, Mike prend rapidement le dessus avec cette énergie revendicative sous fond de discours politico-religieux. Une alchimie à toute épreuve des plus efficaces !

« Somewhere between love and lust, a nut get bust and a baby get made / It seems that trouble trouble us and follow us like all our days / In every holy book it says we suffer, that’s what it is / So riddle me this; from the womb to the tomb, why do we fight to live? » (Killer Mike)

A Tribe Called Quest – « Scenario »

Album : The Low End Theory (1991)

Quand on parle de posse-cuts mythiques dans l’histoire du Hip Hop, il y a de forte chance pour que ce morceau arrive assez rapidement dans la conversation. En plaçant ce titre en toute fin de tracklist, le groupe A Tribe Called Quest offrira une fin magique à leur sublime The Low End Theory. Cette collaboration avec le crew Leaders of the New School permettra par la même occasion de découvrir un jeune Busta Rhymes qui ne tardera pas à se faire un nom dans le milieu. Par ordre d’apparition au micro : Phife Dawg, Charlie Brown, Dinco D, Q-Tip et donc Busta, pour un « Scenario » grandiose.

“It’s a Leader-Quest mission and we got the goods here / Never on the left ’cause my right’s my good ear / I could give a damn about a ill subliminal / Stay away from crime so I ain’t no criminal” (Q-Tip)

Jay-Z – « My 1st Song »

Album : The Black Album (2003)

Avec un projet sorti tous les ans depuis 1996, le rappeur de Brooklyn avait besoin d’un break et décidera donc en 2003 d’annoncer la fin de sa carrière solo après cet album. Au sommet de sa gloire, il fallait bien un titre comme celui-ci pour refermer une discographie quasi-parfaite qui finalement reprendra assez vite en 2006. Dans la carrière de Jay-Z il y aura véritablement un avant et un après Black Album. Ce projet contient tout ce que Jigga sait faire de mieux avec une sélection de beats remarquable dont ce fameux « My 1st Song » produit par Aqua & 3H qui reprend magnifiquement le « Tu y Tu Mirar…Yo y Mi Canción » du groupe Los Angeles Negros.

“Goodbye! This is my second major breakup / My first was with a pager / With a hooptie, a cookpot and the game / This one’s with the stu’, with the stage, with the fortune / Maybe not the fortune, but certainly the fame”

Ice Cube – « No Vaseline »

Album : Death Certificate (1991)

Si sur son premier album Ice Cube avait déjà commencé à titiller gentiment ses ex-camarades du N.W.A., c’est bien sur son second opus qu’il passe à la vitesse supérieure. Avec l’explicite « No Vaseline », on assiste à l’un des diss tracks les plus ravageurs qu’ait connu le rap game et qui aboutira quelques mois plus tard à la dissolution définitive du groupe avec le départ de Dr. Dre. La production de Sir Jinx n’est ni plus ni moins qu’un brûlot sonore qui ne pouvait conduire qu’à ce genre de règlement de compte où la relation entre Eazy-E et Jerry Heller se trouve être la principale cible !

« With your manager, fella / Fucking MC Ren, Dr. Dre, and Yella / But if they were smart as me / Eazy-E a’be hanging from a tree […] / On a permanent vacation / Off the massa plantation / Heard you both got the same bank account / Dumb nigga, what you thinking bout?! »

Kendrick Lamar – « Compton »

Album : good kid, m.A.A.d city (2012)

Ce morceau vient refermer l’une des œuvres musicales les plus complètes et influentes de la décennie 2010. Avec good kid, m.A.A.d city, Kendrick Lamar s’invite à la table des plus grands et entame une suite de carrière sous les spotlights qui le consacrera à deux autres reprises avec ses albums suivant To Pimp A Butterfly et DAMN. Le titre « Compton » est une sorte de passage de pouvoir entre Dr. Dre et un Kendrick qui a toute sa bénédiction pour reprendre le flambeau de la ville. On assiste à une espèce de « California Love » version Hub City où les talk boxes se rappellent à nos bons souvenirs en fin de morceau, sur cette production de Just Blaze revue et corrigée par Dr. Dre.

“I blow up every time we throw up a record / Depending on what you expecting, I’m sure it’s bigger than your religion / Perfected by niggas that manifested music to live in”

Eminem – « Criminal »

Album : The Marshall Mathers LP (2000)

Capable de dire les pires horreurs au micro, Eminem a fait de la provocation son fonds de commerce en repoussant sans cesse les limites de l’inimaginable. Ce morceau « Criminal » est une sorte de disclaimer habile qui permet ensuite à Em de se lâcher une fois de plus sans retenue. Ce titre est aussi l’occasion de rappeler l’incroyable alchimie entre le duo de producteurs Bass Brothers et le blondinet de Detroit pour des compositions redoutablement efficaces.

“My morals went *Prtttt* when the president got oral / Sex in his Oval Office on top of his desk off of his own employee / Now, don’t ignore me, you won’t avoid me / You can’t miss me: I’m white, blonde-haired, and my nose is pointy”

The Notorious B.I.G. – « You’re Nobody (Til Somebody Kills You) »

Album : Life After Death (1997)

Si le dernier morceau « Suicidal Thoughts » de son premier album Ready To Die était déjà glaçant, ce titre « You’re Nobody (‘Til Somebody Kills You) » laisse lui complètement sans voix étant donné les circonstances… On ne sera finalement jamais si ce morceau était prévu initialement pour conclure ce double album avant le décès de The Notorious B.I.G., en tout cas sa portée symbolique est énorme à la lecture de la tracklist. Sorti seulement deux semaines après son assassinat, ce projet posthume Life After Death inscrira à jamais Biggie dans les livres d’histoires. Et ce morceau final sera l’occasion aussi de le voir chantonner ce refrain en compagnie de sa femme Faith Evans.

“As I leave my competition, respirator style / Climb the ladder to success escalator style / Hold y’all breath, I told y’all / Death controls y’all, Big don’t fold y’all, uhh / I spit phrases that’ll thrill you / You’re nobody ’til somebody kills you”

André 3000 – « A Life In The Day of Benjamin André (Incomplete) »

Album : Speakerboxxx/The Love Below (2003)

Double album estampillé Outkast ou albums solo séparés, ce projet Speakerboxxx/The Love Below n’en reste pas moins la fin de l’aventure du duo composé de André 3000 et Big Boi. Sur sa partie The Love Below, la ligne directrice de Dré tourne autour de l’amour avec diverses relations qui lui apporteront toutes quelque chose mais le pousseront finalement à finir seul. Ce projet se conclu par un morceau rappé qui raconte le périple entamé par 3K, des débuts d’Outkast à sa relation avec Erykah Badu qui aboutira sur la naissance de son fils Seven et une séparation en 1999. Un titre fascinant à l’image de son auteur ! Il est extrêmement difficile de sortir un petit extrait d’une storytelling de 4 minutes et 30 secondes, on vous invite donc à aller lire l’intégralité de ce texte, qui en vaut vraiment le détour.

Mentions honorables : « Last Call » de Kanye West, « 4 Your Eyez Only » de J. Cole, « Nightmare » des Clipse, « Heaven » de Nas, « Talking To My Diary » de Dr. Dre.