Trizz : "Je veux que ma musique parle à tous"

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Trizz : "Je veux que ma musique parle à tous"

Des artistes, la Californie en a vu passer. Qu’ils soient acteurs d’Hollywood ou rappeurs de Long Beach (s/o Vince Staples), la région est un véritable terrain de jeu pour les pratiquants d’arts. Trizz participe depuis maintenant quelques années au développement du rap dans son Inland Empire, contrée situé entre Los Angeles et Las Vegas. Si Trizz a déjà plus de 15 projets à son actif, il compte tout de même bien jouer les trouble-fêtes en changeant sa façon d’aborder les choses. À 26 ans et avec une carrière bien remplie, Trizz est à la croisée des chemins entre la quête d’une notoriété réfléchie et le piège hip-hop qui en a fait sombrer plus d’un. Le temps d’une interview, découvrez-en un peu plus sur une figure locale du rap underground.

L’année dernière, tu faisais les premières parties des CunninLynguists en Europe. Ton audience est essentiellement américaine mais plusieurs irréductibles français te connaissent déjà. Pourrais-tu te présenter brièvement pour les autres et nous dire d’où vient ce surnom ?
Je suis un artiste hip-hop west coast du sud de la Californie, Los Angeles et Inland Empire pour être plus précis. J’ai commencé à rapper très jeune, depuis que j’ai 9 ans, mon surnom était Tre à l’époque. Mon vieux pote m’appelait « Young Trizzle ». Au fil des années, le surnom est devenu un peu ringard, j’ai donc finalement réduit à Trizz.
On sait que tu as construit ton identité sur la vibe West Coast, essentiellement celle de Californie. Peux-tu nous en dire plus sur l’endroit où tu as grandi ?
Les premières étapes de ma vie ont eu lieu à Long Beach, Compton et Norwalk.. Je viens juste de rebondir dans la région de LA jusqu’à ce que je déménage à Fontana dans l’Inland Empire. J’étais l’enfant typique du coin qui avait des problèmes et faisait tout ce qu’il pouvait pour rester dehors, hors de la maison. J’ai vécu dans le hood, la banlieue…
Dans ta musique, on ressent facilement l’influence ouest mais aussi un univers sombre. Comment-tu te définirais comme rappeur ?
Si tu mélanges Eminem, Kurupt, Nirvana et George Clinton dans un blender, il ressort un Trizz. Une vibe westcoast avec un peu de grunge hardcore !

Comme tu dis, on aurait tendance à définir ton style comme de l’hardcore/horrocore mais depuis quelques temps, cela semble changer. Comment tu ressens la chose ?
J’ai dû vraiment consolider qui j’étais dans le rap game. Durant les 5-7 dernières années, j’ai cherché mon son. Je veux que ma musique parle à tous et qu’elle soit diffusable donc j’ai dû m’adapter. Sans parler de cette nouvelle génération, je ne pense pas que beaucoup de choses que j’ai rappées il y a 5 ans seraient valables aujourd’hui.
Malheureusement, il est difficile aujourd’hui de faire passer de vraies pensées au grand public. Comment peux-tu diffuser celles-ci ?
Mon but est d’infecter qui je peux avec ma musique. Si certaines personnes loupent le message, c’est malheureux et j’espère les trouver ailleurs mais qu’importe comment est le game, je m’adapterai !
Récemment, Childish Gambino ou Kendrick Lamar ont plus ou moins réussi à percer le grand public avec des idées. Dois-tu évoluer comme ils ont pu le faire, peut-être avec une musique plus douce ?
Mon principal objectif est de percer aux yeux de tous sans compromettre ma créativité. Je sais que rependre ma musique va me forcer à prendre des mesures et à changer un peu le contenu mais je n’abaisserai jamais mon art pour personne. Je peux évoluer sans faire quelque chose que je considère comme mauvais, juste parce que plus de gens souhaitent en entendre.
Autrement, il semblerait que tu aies écrit pour Brotha Lynch Hung, une légende underground de l’horror rap, avant que tu signes sur son label et avec qui tu collabores également. Qu’est-ce qui t’a amené à lui ?
Je n’ai jamais rien écrit pour Lynch. Mais en 2011, il m’a découvert sur Twitter et m’a envoyé un message. On a parlé de faire des concerts ensemble et de la musique. Il m’a convié sur son troisième album avec Strange Music et m’a amené avec lui et Tech N9ne sur une tournée, le reste c’est l’histoire ! Il est comme mon frère.

BLH est une inspiration évidente. D’autres personnes ou artistes dans ta vie t’ont inspiré ou influencé ?
Mes parents bien sûr. C’est d’eux que viennent la morale et les valeurs de la vie qui m’ont permis de traverser mentalement l’industrie de la musique. En ce qui concerne la musique et les artistes, Snoop Dogg, Master P, Jay-Z pour n’en nommer que quelques-uns … Des gens avec de la longévité.

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© Castro


On te le souhaite vraiment ! Peux-tu nous faire un point rapide sur ta discographie déjà bien approvisionnée et nous dire ton projet perso favori ?
J’ai 8 projets solo, 5 mixtapes et 4 (2 albums, 2 EP) projets collaboratifs avec Chuuwee. Mon projet favori ? Difficile de répondre. Pour l’instant, c’est mon dernier, Ashes N Dust car c’est le travail le plus construit et le plus élaboré que j’ai créée.
À propos de Chuuwee, as-tu des projets avec lui ?
Comme beaucoup de fans le savent, on travaille actuellement sur Amerikkas Most Blunted 3. Et nous allons faire une courte tournée en juillet sur la West Coast !

Deux albums sont en coursAshes and Dust The Side « A-ttic » et The Side « B-asement », peux-tu nous en dire plus ?
Ceux sont des élements essentiels à Ashes N Dust. The Attic sortira en premier puis The Basement suivra. Je continue juste de raconter mon histoire, là où je viens, comme je l’ai fait sur Ashes N Dust. J’ai aussi pas mal de potes qui viennent m’aider sur ces deux projets.
Ces opus sortiront sur Below System Records, label néerlandais. Toi qui vient de LA, peux-tu nous dire comment as-tu atterri sur ce label ?
Chuuwee collaborait avec Below System. Pendant que nous travaillions sur Amerikkas Most Blunted 2, il était en tournée en Europe. Là-bas, lui et le fondateur Deniz ont discuté de sortir le projet via Below System. Deniz a sorti la majorité de mes projets depuis.
Depuis combien de temps tu es avec eux et quelle est ta vision de la musique indépendante ?
Ça va faire 3 ans maintenant. L’objectif est de rester indépendant et continuer à grandir avec la fanbase des débuts. La longévité est la clé. Je veux toujours être la dans 20 ans !
Pour finir, qu’est-ce que l’on peut te souhaiter ?
Je souhaite juste laisser un héritage pour que la nouvelle génération puisse en tirer quelque chose de positif. Quelqu’un parti de rien mais arrivé loin.

Le nouvel album de Trizz, The Attic, vient de sortir aujourd’hui. Vous pouvez l’écouter dès à présent ci-dessous :