Murda Beatz : « La musique est en pleine phase de transition »

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Murda Beatz : « La musique est en pleine phase de transition »

Le hitmaker canadien nous a accordé quelques minutes après son set lors du second week-end du festival Coachella.

Le week-end dernier, lors du deuxième week-end de Coachella, c’est sur la mythique scène Sahara que l’on a d’abord pu voir Murda Beatz, l’un des producteurs les plus demandés du monde. Devant plusieurs dizaines de personnes réunies sous la chaleur californienne, le jeune Canadien a pu démontrer aux platines toute l’étendue de son catalogue, enchaînant ses tubes les uns après les autres, avant d’inviter Ty Dolla $ign puis la surprise DMX à le rejoindre sur scène. À peine son set terminé, Murda nous a gentiment rejoint sous la tente réservée aux médias pour évoquer avec nous cette expérience inoubliable, mais aussi sa vision du métier de producteur ainsi que quelques révélations sur ses prochains projets.

Pour commencer, comment t’es-tu senti lors de ce second week-end à Coachella ?

Très bien ! Plus relaxé que lors du premier. En plus, l’été dernier j’étais en tournée avec G-Eazy, Ty Dolla $ign et Lil Uzi Vert, donc ça m’a aidé à être beaucoup plus confiant devant un large public. On avait de 10 à 20 000 personnes tous les jours, dans 32 villes, donc ça m’a clairement aidé à affronter plus de 50 000 personnes ici. Le premier week-end, on avait ramené Rich The Kid et A$AP Ferg, c’était déjà incroyable. Mais ce week-end, on a fait encore plus fort en ramenant mon pote Ty Dolla $ign… et DMX !

Oui, c’était fou ! Comment as-tu fait pour avoir DMX ?

L’histoire, c’est que deux jours avant, mon manager était à une soirée et il a rencontré un gars de la team de DMX et lui a dit « hey, ce serait tellement cool de faire un truc avec DMX ». Le type était chaud, donc mon manager m’a appelé en suivant pour confirmer, puis on a arrangé tout ça, et on a pu enfin le faire monter sur scène. C’était légendaire, mec !

DMX sur scène avec Murda Beatz lors du second week-end de Coachella

Revenons à la musique. On peut dire que tu es devenu très influant en terme de tendances dans le hip-hop, avec tous les succès accumulés. Dans quelle direction aimerais-tu amener le genre dans les prochaines années ?

Je suis actuellement en train de réfléchir à cela, mais je pense que la musique est en pleine phase de transition, c’est en train de changer, comme tous les cinq ans environ. Et tu peux me faire confiance, on va tout faire pour changer le game, et ce à la sauce Murda Gang !

Tu aurais une prédiction concernant les futures tendances du hip-hop ?

J’avais déjà prédit la dernière tendance, c’est moi qui ai trouvé le son Migos, et au début tout le monde disait « oh je n’aime pas le son Migos, ça sonne bizarre… », je l’ai déjà trouvée par le passé, donc je pense que je peux la trouver une nouvelle fois dans le futur.

Dans une autre interview, tu as révélé que tu bossais sur tes « propres projets ». Est-ce que cela signifie que l’on va avoir droit à un album de producteur signé Murda Beatz ?

En effet, je travaille en ce moment sur mon propre album, je suis en train de créer mes propres singles. Je vais prendre le meilleur de chaque monde, je vais utiliser ce qui se fait de mieux dans le rap mais aussi le meilleur des autres genres musicaux, et je vais faire cohabiter tout cela pour créer mes propres sons. Ce seront des tubes planétaires, ce sera plus fort que 2001 de Dr. Dre. L’album devrait sortir cette année, mais tu sais, quand tu crées de la musique, tu as tendance à beaucoup l’écouter donc tu la trouves rapidement « old », donc c’est pour ça que je travaille actuellement sur de nouvelles choses.

On a hâte d’écouter ça. Concernant les invités, on imagine qu’il y aura forcément les usual suspects comme Migos ou Drake ?

Il y aura tout le monde ! Les habitués seront là, mais il y aura aussi des surprises, car je compte vraiment mélanger les styles. Tu vois, j’ai ramené DMX à Coachella alors que personne ne s’y attendait, donc je vais de la même façon ramener sur mon album des gens que personne n’attend. C’est aussi ça mon objectif.

Je ne pense pas que qui que ce soit ait une recette pour créer des hits

J’ai remarqué que, souvent, tu es crédité sur les morceaux que tu produis avec plusieurs autres beatmakers. Pourrais-tu nous expliquer comment se déroule la collaboration entre plusieurs producteurs sur un même morceau ?

Souvent, en musique, les gens aiment collaborer. Moi, il y a eu une époque où je n’avais pas envie de collaborer avec d’autres gens. Je voulais tout faire moi-même, montrer que je n’avais besoin de personne pour faire des hits. Mais avec la maturité, j’ai compris que la musique devait plutôt être un effort collectif. Si tu regardes les plus grands groupes de l’histoire, ils ont toujours eu un paquet de personnes différentes qui bossaient sur un seul morceau : un guitariste, un batteur, des vocalistes, des auteurs, etc… donc au bout d’un moment, je me suis dit : « pourquoi ne pas bosser tous ensemble, et ramener d’autres producteurs sur mes projets ? ». Et maintenant, j’adore faire comme cela bien sûr, c’est comme un sport, c’est du team work, comme au football, au hockey, au basket… tu as toujours besoin d’une équipe pour faire le job. Aujourd’hui, je me sens aussi comme un leader, un capitaine de bateau qui qui manage ses équipes pour créer la meilleure musique qui soit.

D’ailleurs, qui sont tes meilleurs potes parmi tes collègues producteurs ?

Tous ceux du Murga Gang bien sûr, mais aussi Tay Keith, mon gars sûr London On Da Track, DJ Durel, Bongo ByTheWay ou encore Boi-1da, qui a été un vrai mentor pour moi.

Aujourd’hui, les producteurs sont de plus en plus reconnus par le public, de plus en plus visibles. Qu’est-ce que cela implique pour toi dans la façon de mener ta carrière ou ton image ?

Tu dois clairement travailler ton nom comme une marque, tu dois te rendre visible. Mais si tu regardes bien, cela a toujours été comme ça. Dans les années 2000, tu avais Timbaland, Scott Storch, Dr. Dre, Pharrell, Kanye West qui étaient toujours sous les feux des projecteurs. C’est pour ça que moi, depuis le début, j’essaie de faire les choses le plus proprement possible, que ce soit sur les réseaux sociaux, sur le merchandising ou le reste, pour que les gens retiennent le nom de Murda Beatz. Au début, tout le monde trouvait que j’en faisais trop, mais aujourd’hui ils font tous la même chose !

Tu penses avoir une recette magique pour créer des tubes ?

Je ne pense pas que qui que ce soit ait une recette pour créer des hits. Si c’est un hit, c’est un hit. Certes, parfois tu sens bien qu’il y a quelque chose de spécial qui est en train de se produire. Je savais par exemple que « MotorSport » serait spécial, idem pour « Nice For What » : Drake et moi savions qu’il se passait un truc. Mais à part cela, on aime juste faire de la bonne musique. Si cela devient un hit tant mieux, sinon tant pis.

Est-ce gratifiant pour toi d’avoir une sorte de confiance artistique presque aveugle de la part des plus grands noms de l’industrie, comme Migos ou Drake par exemple ?

C’est génial ! Mais cela ne nous empêche pas pour autant de tous nous challenger en permanence : si un jour, PARTYNEXTDOOR me demande de changer un pattern de kick, je vais le faire, et de la même manière, si je demande à Quavo de retravailler une rime, il va le fera également… C’est une confiance mutuelle, et une alchimie qu’on a construit au fil des années pour faire de la bonne musique et entretenir notre longévité dans le game.

Pour finir, penses-tu que 2019 sera une grosse année pour toi ?

Probablement ma plus grande. Elle a déjà merveilleusement commencé avec ma programmation à Coachella, et une marque Murda Beatz qui devient de plus en plus forte… mais de nombreux trucs fous vous attendent encore cette année, ne vous inquiétez pas !