‘Sample ! Aux origines du son hip-hop’, le premier livre de Brice Miclet

‘Sample ! Aux origines du son hip-hop’, le premier livre de Brice Miclet

Sorti le 18 janvier aux éditions Le mot et le reste, Sample ! Aux origines du son hip-hop retrace les quarante ans du sample à travers un livre initiatique. En plus d’un propos historique, Brice Miclet dissèque les plus gros samples qui ont fait le succès du genre hip-hop, sur la base d’une centaine de fiches descriptives.

Redonner au sample ses lettres de noblesse

« Sampling est juste un mot plus long pour dire vol. Celui qui affirme honnêtement que le sampling est une forme de créativité n’a jamais fait quoi que ce soit de créatif ». Cette phrase assassine qui tente de mettre à mal l’essence même du sample a été prononcée lors d’une procédure de justice opposant De La Soul, et son brillant producteur Prince Paul, aux membres du groupe The Turtles. À l’origine de l’affaire, The Turtles accusait le groupe new-yorkais, en la personne de son célèbre producteur, d’avoir samplé illégalement le titre « You Showed Me » pour réaliser « Transmitting Live fom Mars » extrait de l’album 3 Feet High & Rising. Au total The Turtles avait exigé 2,5 millions de dollars de dommages et intérêts auprès de la justice américaine.

En apparence cette simple anecdote narrée dans Sample : aux origines du son hip-hop est édifiante et suffit à re-contextualiser l’environnement plutôt hostile dans lequel le sample a dû jouer des coudes à une époque où l’enjeu était de s’imposer comme légitime et créatif ; là où les principaux détracteurs du genre ne voyaient dans l’action de sampler qu’une pure et simple violation des ayant-droit et une négation de la créativité musicale.

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L’évolution du sampling au rythme des machines

Ce cas – précisément un cas d’école à la fin des années 80 / début des années 90 – donne une idée de l’accueil réservé au sample à l’aube des Nineties. Comme le décrit Brice Miclet dans son livre, après avoir été savamment exploré et organisé autour de techniques distinctes, le sampling a fait des émules, et a su se trouver des ambassadeurs de premier plan ; à commencer par son « presque » théoricien Marley Marl à travers le titre « The Symphony ». Dans la genèse du hip-hop, les références en matière de sample ne manquent pas, des plus lointaines comme sur le titre « Rapper’s Delight » par Sugarhill Gang sample de « Good Times » de Chic, aux plus proches de nous, à l’image du titre « Mask Off » de Future sample de « Prison Song » de Tommy Butler feat. Carlton Williams.

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Tel que le présente l’auteur, le sample a traversé ces trente dernières années en trébuchant et se relevant. À la manière d’un équilibriste, tatônnant encore et toujours, faisant face à la défiance des artistes samplés et à un arsenal juridique de plus en plus contraignant ; à commencer par l’application du Fair Use Act et la démocratisation des systèmes de clearance, astreignant les deejays à reverser des royalties aux artistes samplés. À tel point que certains hits absolument « bankables » se sont parfois retrouvés n’être générateurs d’aucun profit, à l’image de l’excellent « Can I Kick It » sample de « Walk On The Wild Side » et pour lequel la maison de disque Jive a été contrainte d’arroser Lou Reed de royalties.

De cette chasse au sampler, l’industrie musicale fait grise mine et se retrouve la victime collatérale d’un genre qui n’est plus rentable, du fait d’une explosion de bataillons de contentieux. Face à cela, les deejays, n’ont eu d’autres moyens que de s’adapter et d’user de subterfuges par le biais de multiples techniques, tels que le chopping notamment pour pouvoir réutiliser, tout en déconstruisant, les morceaux initiaux.

Savant mélange de références musicales

Dans Sample : aux origines du son hip-hop, la première partie porte donc un coup de projecteur sur les typologies de sample, les techniques et évolutions technologiques qui ont permis de démocratiser ce procédé et d’en faire l’ADN du hip-hop, accessible à de nombreux artistes. En parallèle d’une chronologie décortiquée au travers de prismes multiples, à la fois politique, culturel et social, le livre offre un voyage initiatique et invite à découvrir des titres samplés, associant des anecdotes à chacun des morceaux et leurs auteurs, brossant également les influences des artistes et analysant également les techniques, instruments mobilisés. Aussi, en plus de ce retour en arrière, Brice Miclet nourrit ainsi le lecteur d’une foultitude de références musicales au sens large, bâtissant des ponts entre titres disco, soul et hip-hop et démontrant que le hip-hop par le biais du sample regorge de pépites musicales qui ont pour la plupart, une histoire et un sens.

Finalement, l’ouvrage est un parfait prétexte pour revisiter les plus grands classiques du genre hip-hop, et peaufiner vos playlists à souhait. Sans tomber dans une analyse superficielle, cette rétrospective est une parfaite occasion de creuser davantage ce qu’il se cache derrière les plus gros cartons de ces trente dernières années. La rédaction recommande !

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« Sample! Aux origines du son hip-hop » de Brice Miclet, aux éditions Le Mot et le Reste, est disponible sur le site de l’éditeur, à la FNAC et dans toutes les bonnes librairies.