L’Or du Commun : “Pour nous, l’humour a toujours été important”

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L’Or du Commun : “Pour nous, l’humour a toujours été important”

Mi-juillet au Dour Festival se produisait un line-up hip-hop assez exceptionnel. Entre les US, le UK, la France, la Suisse et bien sûr la Belgique, chaque nation a défendu ses couleurs avec toujours plus de talents. Néanmoins, force est de constater que la Belgique bouscule depuis quelques temps le rap francophone, tant ses jeunes pousses grandissent. C’est d’ailleurs le cas du triptyque formé par l’Or du Commun, qu’on a eu le plaisir d’interviewer. Rencontre.

The BackPackerz : Hello tous les trois ! Déjà, est-ce qu’on peut parler du show Bruxelles Arrive dans lequel vous venez de vous produire avec une bonne partie de la crème bruxelloise ? Comment expliquez-vous cette effervescence autour du rap belge depuis un peu plus d’un an ?

Primero : En fait, il y a eu beaucoup de lumière d’un coup sur quelques gars de chez nous, notamment nos deux fiertés nationales : Damso et Hamza ! Cela a tiré tous les regards vers la Belgique et cela a stimulé tous les autres qui étaient derrière, je pense que c’est comme ça que tout a démarré.

Sans dire que les rappeurs belges sont tous potes, on a l’impression qu’il y a toujours des connexions entre les uns et les autres, à la manière d’un collectif comme l’Entourage… Comme si vous aviez grandi dans le même quartier ou fait des soirées ensemble un jour ou l’autre. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

Swing : Déjà une première chose, la Belgique c’est minuscule ! Tu vois, il y a 10 000 personnes et si tu prends que les francophones, on arrive à quoi ? 4 000 ? (il cherche les autres du regard)

Loxley : 4000 ?  Comment ça ? Tu veux dire 4 millions ! (ils explosent de rire)

Swing : Oui pardon… 4 millions ! 4 000 c’est sûrement le nombre de rappeurs en Belgique. Tout ça pour dire qu’on est très peu donc on est effectivement souvent amenés à se croiser sur les scènes, on travaille souvent avec les mêmes personnes donc ça ne m’étonne pas que cela donne cette impression-là, qui est vraie en soi… On se côtoie tous beaucoup.

Loxley : C’est vrai qu’il y a un côté très familial.

Pour revenir plus spécifiquement à L’Or du Commun, on voulait vous féliciter pour l’album Zeppelin qu’on a adoré et qui nous a même laissé un peu sur notre faim… on aurait aimé quelques chansons supplémentaires ! Donc le nom Zepellin fait référence au dirigeable qui retranscrit assez bien l’ambiance « aérienne » de l’album, c’est dans cette logique que vous l’avez choisi ?

Loxley : Pour tout te dire, le titre on l’a trouvé au dernier moment. En fait, 1 000 devait s’appeler Zeppelin à la base, ce que tu comprends en écoutant les paroles de plus près. Comme l’album a une atmosphère un peu spatiale, on cherchait un mot qui ait un rapport avec l’espace, le ciel, etc… Et on est tombé sur Zeppelin car Primero a écrit cette phrase “stable comme un zeppelin” et ça faisait aussi référence à la stabilité qui est un mot/concept sous-jacent qui revient régulièrement dans plusieurs morceaux. Cela incarne bien l’esprit et ça matche tu vois !


Vous étiez davantage “old school” sur les précédents projets. Quelles ont été vos inspirations pour l’album ? Quelle a été la démarche de création ?

Primero : Old school c’est un terme très large. On a eu une longue période de transition, on a pris de l’expérience entre temps et donc on a abordé le projet de manière plus sérieuse, plus professionnelle en tout cas, que les deux précédents. En plus de cela, il a été produit par une seule et même personne, la partie visuelle aussi. Toute ces choses combinées ont marqué une forte transition entre les deux projets d’avant.

On aimerait vous parler d’une autre chanson, « Mets la gomme », qui est assez tubesque. Comment l’avez-vous réalisée ?

Loxley : C’était un clin d’œil à ce qu’on faisait avant quand on racontait des histoires et qu’on incarnait des personnages. La prod nous a été proposé par Vax1 qui a travaillé avec Panda Dub, une grosse tête de la dub française, avec qui il a monté un groupe qui s’appelle Patient Zéro. Et donc l’instru nous a inspiré une ambiance « Drive » alors on est parti dans un délire sur la bagnole alors qu’aucun d’entre nous n’a de voiture ! Pour tout te dire, je n’ai même pas le permis donc je suis vraiment un menteur dans ce morceau.

Justement, en parlant d’incarner des personnages, est-ce qu’on peut parler d’ »Interlude » ? On a vu qu’il y avait un projet dans le même délire « les maux du village » sur votre précédent projet Odyssée.

Swing : Pour nous, l’humour ça a toujours été important et on s’est dit à un moment donné que ça manquait un peu dans le projet. Il y a des morceaux très lourds comme « Cendre et pollen » ou « Étranger » et on trouvait que c’était une bonne idée d’alléger en faisant un interlude comme ça, un peu dans le style de ce qu’on faisait depuis nos débuts.

Primero : Depuis qu’on a démarré dans la musique, on a toujours eu des délires cachés mais, malgré la transition opérée sur Zeppelin, on avait quand même envie de ramener cette petite touche humoristique. On trouvait ça parfait aussi de le placer avant le morceau “Jeu” qui parle de tous ces jeux d’apparence et ça faisait le lien avec Interlude avec ses mères qui parlent de leur fils rappeurs qui font passer leurs yeux rouges pour de la conjonctivite.

La question malaisante : vous étiez 4 à l’origine, plus que 3 maintenant sur le dernier EP, qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Primero : C’est pas malaisant du tout, il n’y a que de l’amour entre nous, c’est juste une nouvelle formule qui convenait mieux à tout le monde. On se voit souvent et on est bien sûr toujours potes.

Parlons maintenant d’un autre de vos potes : Roméo Elvis ! Vous n’arrêtez pas d’apparaître sur vos projets respectifs, est-ce que vous pensez pas qu’un jour, pas demain, vous allez finir par faire un projet ensemble de A à Z ?

Loxley : On y a pensé pendant longtemps au début où on a commencé à traîner ensemble mais c’est de moins en moins réalisable car on pousse de plus en plus dans le sens de L’Or du Commun et ça va continuer dans ce sens. Swing va bientôt sortir un solo, Primero aussi. Et puis Romeo Elvis aussi fait sa carrière, les choses avancent comme ça et c’est très bien. C’est sain aussi d’évoluer en satellite autour des uns des autres.

Et vous allez partir en tournée ?

La tournée de Zeppelin, on la commence réellement en septembre car le projet est sorti tard donc là on fait des festivals mais à la rentrée vous nous verrez pas mal en France et en Suisse.

Pour terminer cette interview, on vous propose de nous raconter un dossier ou un truc insolite que le public ne connaît pas…

Swing : Je pensais à un secret en particulier mais, vu que cela ne me concerne pas, je ne peux pas le divulguer ! (il regarde Loxley) Cela te concerne, un style vestimentaire d’il y a longtemps…

Loxley : Ah bâtard, je m’auto-balance si toi tu te balances sur l’âge de ton dépucelage ! Son allusion fait référence à quand j’étais jeune vers 12/13 ans, j’étais un grand fan de Marilyn Manson et je le suis toujours d’ailleurs. C’est juste que j’avais le style vestimentaire qui va avec à l’époque, j’ai donc été gothique pendant un an environ ! C’était surtout une crise d’ado précoce, je pense j’avais envie de déranger les gens en arrivant en secondaire.

(Tout le monde tourne son regard vers Primero)

Primero, en souriant : Chacun met ce qu’il veut sur la table…

L’interview se termine ensuite dans les rires avant que l’un d’entre eux nous lâche un dernier dossier sur un des acolytes “ **** faisait de la tecktonik !” N’ayant pas eu la confirmation de l’intéressé, nous n’en saurons pas plus et garderons anonyme cette erreur du passé… Après tout, il faut bien que jeunesse se fasse !

Crédits photo :  La Brique et Antonin Lacoste