Knxwledge – 1988

knxledge-1988-album
27 mars 2020

Knxwledge

1988

Note :

Acteur majeur du rap californien de ces dernières années, Knxwledge est devenu l’un de ses producteurs les plus en vogue, redéfinissant le paysage sonore de L.A avec son style lo-fi. Il revient avec un nouveau projet solo, 1998, qui vient agrémenter une discographie déjà très fournie.

Stones Throw Records. Rien qu’à entendre ce nom, toute une ribambelle d’artistes parcourt nos pensées. Madvillain, Mayer Hawthorne ou encore J Dilla (sa collection de disque venue s’ajouter au catalogue après sa mort) pour ne citer qu’eux. Un label californien qui aura su se faire une place d’exception en combinant hip hop, soul et funk, et dont Knxwledge aura rejoint les rangs en 2014. Cela lui permettra de s’enraciner pour de bon dans un Los Angeles aux palmiers déshydratés et aux larges avenues. Un an plus tard, il participera à l’un des disques les plus importants de la décennie 2010: To Pimp A Butterfly de Kendrick Lamar, avant un album collaboratif avec Anderson .Paak sous le pseudonyme de Nxworries en 2017, venu prolonger son épopée musicale. Il alimentera son profil Bandcamp de courts projets, soucieux de poursuivre en parallèle sa carrière de soliste. Mais 1988, son nouveau projet, dénote du reste de ses essais en solo par un format qui se veut bien plus long ainsi que par une structure musicale plus aboutie.

Pour cet album studio, Knxwledge ne voulait pas proposer un enchaînement hasardeux d’instrumentaux. Tout s’imbrique ici à la perfection dans une volonté de rendre l’écoute plus agréable lorsque le projet n’est jamais mis sur pause. Un fil se tisse de chacune des pistes pour se glisser dans la suivante et ainsi ne jamais laisser de temps mort ou de silence impoli. Il faut dire qu’une histoire prend forme dans ce disque. L’intitulé, 1988, désigne un mythe précis : l’année pendant laquelle notre producteur aurait concocté tout ces beats sur un sampler SP-12 alors que sa mère s’était absentée le temps de quelques heures. C’est également l’année de sa naissance, l’histoire prenant ainsi des allures de récit légendaire, comme pour confirmer un statut de prodige dans le maniement des séquenceurs et autres MPC. Un don qui serait inscrit dans ses gènes depuis des siècles. Derrière cet aspect de conte, un concept ressort : ne sélectionner que des samples ayant bercé son enfance et les triturer pour leur donner un nouveau souffle.

Connu pour incorporer des boucles soul sous un amoncellement de détails sonores imprévisibles, Knxwledge n’est pas prêt de changer les ingrédients de sa recette. Si sa production repose sur des vocaux étouffés par des batteries irrévérencieuses, ses productions se distinguent par une palette de samples multicolores. Sous ces pistes aux noms fournis de ponctuations se cachent des boucles R&B, comme sur « Don’t Be Afraid », imposant la voix du trio Kut Klose par un chœur massif. Mais cela n’est qu’un exemple parmi tant d’autres car une variété de styles se manifestent sur ce projet, comme du gospel pour « thats allwekando » ou encore des vrombissements funky reflétant la chaleur de Venice Beach dans « awomanslifeislove« . Quelques uns de ses plus proches collaborateurs sont aussi conviés au projet avec par exemple Anderson .Paak, que l’on ne présente plus, ou bien Durand Bernarr, travailleur de l’ombre auprès d’Erykah Badu ou The Internet.

Moins morcelé qu’un Madlib ou J Dilla, Knxwledge laisse les samples parler tout en y incorporant de nouvelles textures. Rien ne semble dépassé et l’album se consomme à la manière d’un mix rigoureux. On pourrait toutefois lui reprocher une prise de risque trop minime en se reposant sur certains acquis. Pour autant, comme pour chaque projet du bonhomme, c’est toujours avec réjouissance qu’on se plonge dans ses maquettes calibrées pour l’été qui s’annonce. 1988 s’adaptera parfaitement aux rayons de soleil qui percuteront l’asphalte d’ici quelques mois.