2020 marque le retour d’un format qui n’était plus très vu ces dernières années : les mixtapes de label. Entre la sortie de la Don Dada mixtape et celle, tout juste sortie, du label Echelon Records (dont Vald est à la tête).
Echelon Vol.1 est un format 10 titres : 8 morceaux de rap et 2 morceaux instrumentaux (pour 30mins de musique au total) qui forment un projet très cohérent qui colle parfaitement à l’ambiance des albums de Vald, tout en l’enrichissant. Les détails.
Le renouveau d’un format
Sur la mixtape, on retrouvera à la fois les artistes proches de Vald déjà apparus sur ses projets (Suikon Blaz AD, Sirius, Seezy), mais également des rappeurs pas encore connus du grand public, qui ont envoyé leurs maquettes de manière spontanée au label, ce qui a donné l’idée de cette mixtape Echelon Vol.1 à Vald et son équipe.
De la même manière qu’on avait pu découvrir des artistes (ou les voir s’affirmer) dans les mixtapes Autopsie et Banlieue Sale/Planète Trappes de Booba et La Fouine dans les années 2000 (pour ne citer qu’elles), la mixtape Echelon Vol.1 nous permet de découvrir de nouveaux rappeur, et ce format permet aux artistes de s’essayer à de nouvelles choses.
On peut donc retrouver Sirius en tant que rappeur (habituellement beatmaker/ingé son), Aociz (DJ triple vainqueur du championnat du monde DMC avec 9 O’Clock) et Seezy sur des compositions instrumentales, ainsi que des nouvelles têtes derrière le micro.
La tape est essentiellement produite par Seezy et Hellboy (on notera quand même l’auto-production de Suikon sur son morceau) et est très cohérente, tant musicalement que dans l’atmosphère développée par les différents invités. Ce qui est remarquable étant donné la densité artistique : 10 titres pour 11 artistes.
Une identité déjà trouvée
Dès la première écoute, on remarque un projet très bien construit et on comprend parfaitement la sélection des participants, qui amènent chacun leur « touche ». Même si chacun rentre parfaitement dans la couleur globale du projet. Bien que ce projet soit le premier du label, on y reconnaît déjà un univers propre et identifiable, qui sera sans aucun doute sa marque de fabrique.
L’univers en question est une extension de celui que Vald nous propose depuis ses débuts : une ambiance tantôt sombre tantôt exubérante, des rimes travaillées, une interprétation très personnelle, des phases décalées, et une critique (parfois sous-jacente) forte de sujets de société contemporains.
La virtualisation de la monnaie (dans « Echelon Music »), le sensationnalisme (« excité seulement par les affaires sanglantes » dans « Bertrand ») , la politique (« C’est pas que des lois c’est tout un business juteux » issu de « C’est pas nous les méchants »), l’auto-destruction (dans « Après-minuit » ) et une défiance vis-à-vis de l’élite et des hautes sphères (dans quasiment tous les morceaux) sont autant de thèmes qu’on peut retrouver dans le projet.
Bref, ce monde est (toujours) cruel mais est abordé de manière personnelle par chacun des artistes (mention spéciale à Charles Bdl pour son morceau rimé en 3 syllabes, et son interprétation remarquable). Les 2 morceaux instrumentaux trouvent parfaitement leur place dans la track list et permettent de mieux apprécier les lyrics denses des morceaux rappés (et nous donnent envie d’entendre plus souvent Seezy sur des compositions exclusivement instrumentales).
Echelon Vol.1 fournira donc à ses auditeurs tout ce qu’ils attendent d’une mixtape : de la fraîcheur, du nouveau et des sonorités qui changent des top charts actuels. Mais en plus de tout ça, Echelon Vol.1 les emmènera dans un véritable univers, que reconnaîtront les fans de Vald, enrichi par l’apport de chacun des invités. On espère en découvrir encore plus dans un Volume 2…. !
Cette chronique est une contribution libre de Rémy Bagnères que nous avons choisi de publier. Si vous aussi vous voulez tenter d’être publié sur BACKPACKERZ, n’hésitez pas à nous envoyer vos articles via notre page de contact.
