Qui es-tu, Donald Glover ?

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Qui es-tu, Donald Glover ?

Donald Glover est à la fois connu pour sa carrière musicale, sous le pseudonyme de Childish Gambino, et ses talents d’acteur, notamment grâce à son rôle de Troy Barnes dans la sitcom Community. Pourtant, ce touche-à-tout originaire de Stone Mountain, près d’Atlanta, est assez rarement cité pour l’ensemble de son œuvre. Face à ce constat, je cherche aujourd’hui à recoller les pièces du puzzle afin de dresser le portrait d’un artiste complet aux multiples facettes.

Je suis ton père…

La comparaison avec Drake est certes facile, mais relativement légitime lorsqu’il s’agit de cerner l’homme qui se cache derrière Donald Glover. Si bien que l’intéressé, visiblement agacé par ce rapprochement systématique, s’en récrie depuis peu tel Luke Skywalker découvrant que son arbre généalogique le relie directement au côté obscur de la force. Véritable couteau suisse, le géorgien cumule, à l’image de son cousin canadien, les rôles d’acteur, chanteur et rappeur, auxquels viennent s’ajouter ceux de scénariste, réalisateur et producteur. Tandis que Drake faisait ses premiers pas sur le petit écran dans la série pour ados prépubères Degrassi, c’est en tant que scénariste pour 30 Rock que Donald a percé dans l’univers de la télévision, avant que Community ne le dévoile aux yeux du grand public.

Mental disorders

Parmi les séquelles de son enfance,  Bino semble avoir développé une obsession presque névrotique pour quelques sujets sensibles, qui reviennent sans cesse dans ses paroles à la manière d’un leitmotiv. En particulier, le garçon a mal digéré les clichés racistes et homophobes dont il a injustement fait les frais.
 Au sein de leur groupe de travail, Troy et Abed passent eux aussi pour des individus sérieusement perturbés. Pour cause, les deux best friends cherchent à expliquer tous les événements qui les affectent par des théories pseudo-scientifiques extravagantes telles que les mondes parallèles. Un côté geek moins étranger à CG qu’il n’y paraît, puisque ce dernier se prend à utiliser dans bon nombre de ses clips le concept de boucle temporelle. Réalisé avec une précision méticuleuse, le visuel du titre « Sweatpants » met ainsi en scène un dédoublement narcissique de l’artiste, dont les avatars se multiplient au fur et à mesure que la même séquence se répète.

The cool guy

Que ce soit au micro, à l’écran ou dans la vie, Donald Glover sait cultiver l’image d’un mec cool. Assez pour louer une gigantesque villa sur les hauteurs de Los Angeles, et inviter ses potes Flying LotusChance The Rapper et Trinidad James à tourner dans son court-métrage Clapping For The Wrong Reasons. Au cours d’une journée a priori banale, on y voit le boy arpenter les pièces de sa somptueuse demeure, où il croise négligemment au détour de sa chambre à coucher la pornstar Abella Anderson. Une demoiselle dont il s’était déjà rapproché à l’occasion d’un chat dans la lyric video de « 3005 », single de son dernier album Because The Internet. À Greendale, T-Bone jouit également de son statut d’ancien quaterback, ex-star de son lycée au tempérament charmeur et un brin frimeur. Un charisme naturel auquel certains personnages féminins de la série annulée par NBC et sauvée in extremis par Yahoo! sont loin d’être indifférents.

All pop everything

Pur produit de la pop culture, Bino accumule les références au gré de ses chansons, avec le même zèle que Troy en présence de son acolyte Abed. Lost, Christian Bale, The Wire, James Franco… Rien que sur Camp, l’album qui l’a propulsé au rang de worldstar, les allusions ne manquent pas. Suite à une longue campagne sur Twitter, pas si étonnant que Donald prête enfin sa voix à Miles Morales dans le dessin animé Ultimate Spider-Man: Web-Warriors. A l’époque du casting pour The Amazing Spider-Man, les fans de l’acteur avaient demandé à Marc Webb que leur idole soit choisie pour incarner le célèbre tisseur de toiles sur grand écran. Leur coqueluche avait eu le malheur – ou le bonheur, à en croire son amour pour le super-héros – d’enfiler le costume de l’homme-araignée sur le plateau de Community.

Culture shock

À la croisée des genres, Childish Gambino délivre une musique d’une grande sensibilité, curieux mélange de douceur et de rage, sur un ton juste et profondément sincère. Tout comme ses pairs du collectif Odd Future, cet artiste accompli contribue depuis plusieurs années à redéfinir les contours du rap et à redonner au R’n’B ses lettres de noblesses. « Retro », extrait de son dernier maxi Kauai – couplé à une mixtape Gangsta Grillz , mêle avec harmonie la voix du rappeur/chanteur à des sonorités résolument pop et électronique. Un cocktail rafraichissant, moins torturé que ses précédents opus, et qui prouve qu’à chaque nouveau projet, le jeune homme s’affranchit un peu plus des standards pour construire sa propre identité. Excellente nouvelle, les connaissances musicales et audiovisuelles de l’entertainer hybride seront bientôt réunies dans le cadre de son propre show, Altanta, qui verra bientôt le jour sur la chaîne américaine FX.

D’ici là, on patiente sagement devant cet improbable extrait de Community, dans lequel Troy se fend d’un couplet de rap en espagnol sur une performance de beatbox d’Abed. Les lyrics sont certes approximatifs, mais soyez rassurés, le flow est bien présent :