Interview avec DC, la force tranquille du rap UK

Interview avec DC, la force tranquille du rap UK

On a réussi à capter le rappeur anglais DC juste avant qu’il ne monte sur la scène de La Place pour son premier concert parisien. Le MC londonien nous en dit plus sur son processus de création, son état d’esprit et ses ambitions pour l’année 2024. 

Merci de prendre le temps de nous parler juste avant ton concert. Pourrais-tu te présenter rapidement pour nos nos lecteur·rice·s qui ne te connaissent pas encore ?

Je m’appelle DC, je suis un rappeur du sud-est de Londres (Woolwich, NDLR). Ma musique est un mélange de grime, de rap et d’autres styles. C’est une fusion de différents sons.

Nous sommes à quelques minutes de ton premier concert parisien : comment te sens-tu ?

J’adore Paris mec, c’est l’une de mes villes préférées! Donc ouais, c’est toujours un bon moment d’être ici.

Est-ce que tu connais la scène rap français ?

Un tout petit peu. J’étais en studio hier avec un rappeur français qui s’appelle Wallace Cleaver et qui est très fort. Sinon j’écoute d’autres artistes de temps en temps, mais sans plus.

Parlons de la scène britannique. Le rap UK est en train de vivre une sorte d’âge d’or, qu’est-ce que tu en penses ?

Oui, je pense que le rap anglais n’a jamais été aussi fort. Dave et Central Cee ont bien aidé cela et c’est cool de voir l’évolution de la scène.

J-Hus a également signé l’un des tubes de l’été avec Drake en 2023 (le single « Who told you », NDLR). Pourquoi penses-tu que le rap britannique n’explose à l’international que maintenant ?

Je ne sais pas vraiment, je pense que c’était simplement une question de temps. La qualité s’est beaucoup améliorée et les artistes anglais essaient différentes choses maintenant. À mon avis c’était juste une question de temps avant que cela n’attire l’attention des autres pays.

En effet la scène rap britannique est super diverse. Où te situes-tu ?

Je pense que j’ai une sorte d’équilibre entre être légèrement alternatif mais aussi un peu traditionnel. Donc je dirais que je suis simplement entre les deux. Beaucoup de gens me placent dans le courant alternatif, mais je ne me mettrais plus là maintenant.

DC interview pour backpackerz

 

Tu aimes les trucs old school aussi non ? Parce que tu utilises souvent des samples rap des années 90s et 2000s pour tes morceaux. Tu veux parler un peu de tes inspirations ?

Mes inspirations musicales, ce sont les artistes que j’écoutais en grandissant et qui essayaient des choses différentes. Des gens comme J Cole dont je suis un grand fan par exemple. J’écoutais aussi beaucoup Fabolous. C’est probablement de là que me vient le côté décontracté dans ma manière de rapper.

J’ai grandi en écoutant tellement de styles différents que ça se ressent dans ma musique. Par exemple, si j’entends un titre de Garage et que cela colle parfaitement à ce que j’essaie de faire alors je l’incorpore dans mes musiques. Je prends des influences de plein d’endroits différents.

Quel est ton processus d’écriture et est-ce que tu calcules ce que tu vas faire ?

Ça dépend. Parfois oui, je me dis que je veux essayer quelque chose de particulier ou alors je commence à écrire et ça me vient à l’esprit. Donc je peux avoir une idée à l’avance et me dire, d’accord, c’est ce que je veux faire, ou je le fais en freestyle et je vois au fur et à mesure. Mais mon processus d’écriture, c’est d’écrire chez moi. C’est mon endroit préféré pour écrire. Je n’aime pas vraiment écrire en studio.

Comment travailles-tu avec les producteurs et comment choisis-tu tes beats ?

En fonction de ce que j’écris, je sais quel producteur pourra probablement faire ressortir ce que je veux de ces paroles. Tu me suis ? Si j’ai écrit une chanson, je saurai que je dois aller voir tel ou tel producteur parce qu’il a le son que je veux pour ce texte. Donc tout dépend de ce que je ressens par rapport à ce que j’écris et dans quelle direction je veux aller.

interview DC backpackerz

 

Pour ton album In the loop sorti en 2021 tu as beaucoup travaillé avec TSB et maintenant tu sors pas mal de titres produits par Emil…

Oui ce sont mes producteurs de référence. Je bosse avec eux car la qualité de leur travail est dingue. Les gens avec qui vous me voyez travailler régulièrement, ce sont probablement les personnes vers lesquelles je vais en premier. Mais ouais, il y a plein de producteurs avec qui je voudrai travailler.

À quoi peut-on s’attendre en termes de projets pour toi cette année ?

Vous pouvez vous attendre à de nouveaux titres et à me voir beaucoup plus ! Parce que j’ai été discret ces derniers temps. Donc des nouveaux titres, des nouveaux clips et je travaille également sur un projet en ce moment même.

Est-ce que le titre « Mains » est un petit aperçu du projet ?

Non, même pas ! C’était juste un titre que je venais de faire et on s’est dit pourquoi pas le sortir.

En l’écoutant j’ai reconnu un sample d’un truc old school mais j’ai pas su dire lequel !

Tu ne sais toujours pas lequel c’est ? (Rires) C’est un sample des Destiny’s Child (le titre « If » sorti en 2004 NDLR) ! Je sais que Playboi Carti et A$AP Rocky l’ont aussi utilisé.

En termes de collaborations ? Avec quels artistes aimerais-tu travailler ?

J’aimerais beaucoup travailler avec Kano. C’est l’un de mes rappeurs britanniques préférés. J’ai fait un titre avec Bawo aussi que j’aime beaucoup et dont je suis hyper content. Et voilà sinon je n’ai pas d’autres artistes spécifiques mais cette année l’objectif est de collaborer beaucoup plus et notamment en dehors du Royaume-Uni. Je t’ai parlé de Wallace Cleaver tout à l’heure pour la France et voilà, plus de collaborations en général.

Il y a clairement une demande en France pour le type de rap que tu fais avec le côté mélancolique, des boucles de piano,…

Cool !

Merci encore pour ton temps et on te laisse te préparer pour le concert !

Top c’était rapide mais merci à vous.

Titres à écouter d’urgence: « Mains », « The latest », « Neighbourhood », « Firing squad »

______

Merci à DC pour cette discussion.

Merci à La Place, en particulier Sophie et Abdourahmane pour avoir organisé cette rencontre et nous avoir accueillis.

Merci à Yohan pour les photos qui accompagnent cette interview.