Brasi : “Je fais briller ce que je vis”

Brasi : “Je fais briller ce que je vis”

Originaire de Villejuif, Brasi baigne dans la musique depuis son plus jeune âge. Après 3 singles, et bientôt un quatrième, il dresse petit à petit son identité musicale unique. Accompagné de son producer Blucy avec qui il a passé l’année 2021 à chercher les ingrédients de ses productions, il arrive déterminé dans le paysage du rap français. 

À l’aube de son premier EP « First Class », Brasi se livre sur son parcours, les coulisses de son premier projet et même sa rencontre avec Blucy. 

À un an, tu mets les pieds pour la première fois en studio, qu’est-ce qui s’est passé depuis ? Peux-tu nous retracer ton parcours ? 

Je m’appelle Brasi, j’ai eu 24 ans il y a quelques mois et je suis passionné de musique; toutes sortes de musique, tous les styles. Pour la petite anecdote, mon père travaillait dans les studios qu’il a ouverts, d’où ma présence dans des studios à un an ! Donc depuis tout petit je baigne dedans, c’est quelque chose de familial. 

“Brasi”, est-ce que ça vient du Parrain ? 

Ouais, ça vient en partie de là, du bras droit du parrain ! Pour l’histoire, c’est un pote à moi qui m’a surnommé comme ça ! Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que c’était un clash et comme il meurt au début du film tu vois [rire]. Mais j’ai kiffé,  ajouté au fait que ça vienne du Parrain, un film mythique : j’ai validé fort ! 

Puis dans le film c’est un personnage fidèle et il inspire le respect ! 

C’est ça ! Je suis quelqu’un de très droit, je ne vais pas aller à droite, à gauche. Je suis plutôt direct : on peut se parler, se confier… Ce nom me correspond bien. Donc pour la petite blague de mon pote et la signification ça a bien matché ! 

J’ai trouvé certains articles, sur ce qui me semblait être des anciens clips à toi, est-ce que tu as fait peau neuve ? 

C’est ça ! Je suis quelqu’un qui aime se renouveler et qui travaille énormément, je suis tout le temps au studio. Je travaille beaucoup et je n’aime pas me reposer sur mes acquis.  J’avais une direction artistique de base et je me suis renouvelé. On faisait de la musique, on envoyait des clips mais ce n’était pas réellement sérieux, c’était plus pour le kiffe. On voyait comment ça se passait, le retour des gens… 

Aujourd’hui, j’ai le projet First Class que j’ai travaillé avec Blucy. Pour ce projet-là, on est parti sur une nouvelle direction artistique. J’ai fait le choix de supprimer les anciens morceaux pour avoir du neuf et pour vraiment se concentrer sur ce qu’on fait maintenant. Jusqu’à présent, je me suis amusé, mais maintenant que je sais comment ça se passe, on rentre dans le vif du sujet ! J’ai mangé du studio, on arrive avec des grosses cartouches et on avance ! Donc j’ai shutdown tout ce qu’on avait fait avant et on est sur un nouveau Brasi entre guillemets. 

C’est un Brasi sérieux ? 

C’est un Brasi qui va tout casser ! 

À la fin du clip de Morning Star on est à 17%, le clip de Big Drip annonce celui de Velar, Velar tease Hornets : c’est comme si tout s’enchaîne ! Est-ce que tu as cette volonté de rendre ta musique cohérente ? 

Bien sûr ! Il faut avoir une cohérence ! Pour moi en tout cas, il le faut pour pour accrocher les gens. C’est une ligne de conduite et comme une petite série : épisode après épisode, finir sur l’épisode final ! Et après, quand on aura fini la saison, il y  aura une autre saison… Donc c’est un moyen d’accrocher les auditeurs, parce que souvent lorsqu’on regarde les clips on ne sait jamais quand les prochains vont sortir. Là au moins, t’es sûr que le 16 prochain il y a un clip ! C’est plus dans cette idée-là qu’on voulait aller. Puis, comme c’est le premier projet, les premiers clips avec un vrai budget, avec un vrai truc professionnel. On a vraiment essayé de se professionnaliser un maximum, donc on s’est dit “pourquoi ne pas faire une petite continuité pour accrocher les gens?”.

En regardant tes clips et tes réseaux, j’ai l’impression que la sape est importante pour toi ! 

[Rire] Je ne te mens pas, franchement ouais ! C’est quelque chose que j’apprécie de ouf. Je trouve que quelqu’un qui est bien sapé, dégage un truc. Tu ne le regardes pas pareil. Il tape à l’œil, tu remarques qu’il a mis une bonne pièce, tu te dis “wow il a mis cette dernière paire que je cherche mais que je ne trouve pas !”. 

Après, c’est peut-être aussi que j’ai regardé beaucoup de clips et de films… Je ne sais pas pourquoi mais je kiffe la sape depuis tout petit ! Certains kiffe la moto beh moi c’est la sape !

Ça fait vraiment partie de toi, ce n’est pas un personnage que tu essayes d’incarner ou quoi ?

Ah non, non, non ! En fait, dans les anciens clips j’étais à l’aise mais je ne montrais pas forcément toutes mes sapes. Mais comme maintenant nous sommes entrées dans un univers très professionnel, c’est plus “affirme ce que tu es, montre ce que tu es et ce que tu kiffes”.  Moi ce que je kiffe, c’est la sape et la musique… Mais il y a un côté très terre à terre qui fait que je ne vais pas m’habiller tous les jours et toute l’année en bleu ou en jaune par exemple ! Bien sûr, il y a des jours où je suis en dégueulasse ! [Rire] Mais oui,  je kiffe la sape de malade ! 

Tu me parlais tout à l’heure de Blucy, vous avez l’air d’entretenir une relation forte ! C’est important pour toi de travailler avec des gens de confiance et qui sont proches de toi ? 

C’est super important car ce sont les seules personnes qui vont réellement te dire la vérité ! Par exemple, Blucy, ça va faire bientôt deux ans et demi que l’on se connaît mais c’est une relation très forte ! La rencontre avec Blucy, témoigne bien de ça. À la base, il bossait en studio ici, et je l’ai rencontré deux-trois fois. On avait un bon feeling mais je le laissais travailler dans son truc. Puis, on parle de plus en plus et un jour je lui dis “j’ai terminé mon projet, est-ce que tu veux l’écouter ?” Il me répond qu’il est chaud donc on va dans le studio. Il faut savoir que je venais de terminer mon projet et je le trouvais magnifique, je pensais qu’il allait prendre sa tarte de fou. J’étais sûr de moi, j’étais le plus fort du monde à ce moment-là ! Il écoute, il écoute et me dit “ça c’est de la merde, ça c’est nul”. Et je me dis “wooow” ! Mais il a mangé du studio avec des professionnels donc il sait de quoi il parle. Et ce que j’ai kiffé avec lui, c’est qu’il m’a proposé de rebosser un autre projet directement. C’est là où ça a matché entre nous, je me suis dit qu’il n’était pas que dans la critique, il a apporté une solution. Donc on a bossé et bossé et aujourd’hui on va sortir ce petit bébé qui est autant à lui qu’à moi. Il y a vraiment toute notre énergie dedans. 

Et aucun regret sur le premier EP de base ? 

Non, jamais, il pu la merde le truc ! [Rire] Je l’ai réécouté dernièrement et je me suis rendu compte à quel point j’étais dans le mur. Puis, depuis, j’ai aussi pris de la maturité. Le recul c’est un truc super important. Par exemple quand je fais un son, quand je vais dans la cabine je suis Brasi le rappeur mais dès que j’en sors je suis un auditeur. Je me demande si je peux bouger la tête dessus, si les paroles sont bien, si le flow… Et c’est comme ça que je me rends compte si un son peut passer ou non. 

On retrouve sur tes réseaux tes trois derniers singles qui sont clipés, c’est quoi la suite ? 

Cette semaine on tourne le clip d’Hornets, il faudra être au rendez-vous le 16 mars pour le regarder ! Ensuite on prévoit un autre clip puis la sortie du projet ! 

Nous sommes donc à quelques semaines de la sortie de ton projet, comment te sens-tu ? 

J’appréhende un peu parce que c’est mon premier projet… Qui va le voir ? Combien de personnes vont l’écouter ? Est-ce que ça va plaire ? Est-ce que je suis dans le vrai ? Parce qu’on a bossé énormément de temps, beaucoup renfermé et sur nous même, beaucoup à se prendre la tête.. On verra à la sortie du projet si on est dans le vrai ou pas ! 

Tu m’as parlé de professionnalisation, d’un nouveau Brasi… Qu’est-ce que cet EP représente pour toi ? 

C’est le premier réel pas acté dans le monde musical. Parce que pour moi, quand tu sors un projet, tu affirmes et assumes ta place en tant qu’artiste. “Voilà, je fais de la musique, je sors mon projet, kiffez-le”. C’est ma première pierre à l’édifice. 

Ce projet a été un travail acharné, tous les jours ont été au studio, pendant un an. Quand on a commencé à enregistrer c’était en travaux ! Une fois, pendant que j’enregistrais, le plafond est tombé ! [Rire] Et on été quand même là ! J’ai tout arrêté pendant ce moment-là, je ne vivais que pour la musique et ce projet. C’est une expérience de malade !  

Qu’est-ce qu’on peut attendre des thèmes ? 

Dans ce projet-là, c’est beaucoup d’introspection, je parle vraiment de ce que je vis et je le fais briller. Je fais briller ce que je vis ! Mais ce n’est qu’une petite parcelle de Brasi. 

Quelles sont tes ambitions dans la musique ? 

En vrai je n’ai pas d’ambition, je n’ai que des étapes. Il n’y a pas d’objectifs réels parce que lorsque tu atteins un objectif, il n’y a plus rien après et si tu le rates t’es dégoûté alors que pour une étape ce n’est pas grave, tu redescends à celle d’avant pour remonter après. Ce n’est que des étapes et la prochaine…. Le diamant [Rire] en toute humilité ! Non, la prochaine étape sera un autre projet qui est déjà en cours. 

Blucy fait partie du projet, tu as bossé avec qui d’autres ? 

J’ai bossé avec un ami à nous qui s’appelle Jérémie à la prod de Morning Star. Au mix j’ai bossé avec Vincent Audou, aux master c’est Alex Gopher. À la direction image c’est Thomas Corrado, patron de Tilt avec Koria. Avec Koria on a bossé sur la cover aussi. À l’image Paul mayo sur Big Drip et Velar, et sur Morning Star j’ai Swim The Dog. Et au stylisme on a bossé avec Axelle Gomila qui a aussi travaillé avec SCH et Niska. Et franchement, c’est la première fois que je travaille avec des boites de prods. À la base, c’était mon pote caméraman sauf que là tu arrives sur le plateau il y a 15 mecs qui te regardent [Rire] !

Il y a du beau monde pour un premier projet. On a essayé d’avoir toutes les cartes en main pour taper du poing sur la table et dire au monde du rap “Attention, si maintenant on est comme ça…” ! [Rire]. 

Quels sont les avantages et les inconvénients d’être aussi bien entouré ? 

Je me suis pas mal reposé sur les gens. Forcément, plus il y a de monde et plus tu délègues ! Puis chacun à sa vision et je suis beaucoup à l’écoute, je ne suis pas borné donc si tu as une meilleure idée que moi, je vais essayer de la comprendre, de l’analyser et de la faire ! 

Ce qui a été avantageux c’est que tu ne fais rien ! [Rire] Quand tu arrives en clip, tout est déjà prêt, j’arrive en studio, j’ai une prod de ouf… J’ai vraiment eu l’impression de bosser comme si on était en écurie. Et je me dis que si à notre échelle on arrive à bosser comme ça, si ça continue, on va aller deux fois plus vite ! 

Donc ouais, c’est une qualité et un défaut, parce que te dis que tu n’as plus rien à faire à part la musique mais en même temps tu dois faire tellement de choses derrière aussi. Mais c’est super cool et c’est une expérience de fou. 

Tu as des attentes au niveau du public pour le projet ? 

Qu’ils réceptionnent bien le projet, qu’ils écoutent et kiffent ! Mais sinon, je n’en ai pas beaucoup en vrai. C’est le premier projet, il y a une bonne partie de Brasi mais il n’y a pas tout le Brasi. La plus grosse attente sera vraiment au moment de l’album. 

BLUCY NOUS PARLE DE BRASI

Brasi et moi, on n’était pas au courant d’où on allait atterrir avant d’y être. C’était un travail de recherche, on ne s’est jamais posé de questions et le truc s’est emboîté ! On a façonné petit à petit, c’était du jour le jour et tout est venu naturellement. Ça s’est fait dans les deux sens, autant lui m’a aidé à la compo, autant moi je l’ai titillé sur l’enregistrement et la façon de s’exprimer ! Il m’a fait évoluer en prod en m’emmenant vers des couleurs vers lesquelles je n’allais pas forcément. Tout ça, jusqu’à ce qu’on trouve la bonne recette  : voix grave en entrant dans du traitement électro, avec des basses et des grosses assises sur la prod. On a commencé par lui trouver une identité vocale originale et propre à lui qui n’existe chez personne d’autre. On touche beaucoup à sa texture ce qui veut dire que ce n’est pas son timbre naturel entre guillemets et aucun artiste ne fait ça. Puis le fait de vouloir faire un projet cohérent, ce qui n’était pas le cas du premier projet, m’a challengé aussi. 

Il faut savoir que Brasi peut faire des choses très larges, là c’est un projet rap mais il as une ouverture musicale folle. Il peut rentrer dans la funk, dans la saoul, dans le RnB… Mais comme on est encore dans le développement, on s’est fixé sur un créneau et on a dosé. On a trouvé une couleur au projet et on l’a développée dans ce sens-là. En sachant qu’on a conscience qu’on peut faire évoluer la recette ! 

J’ai une vision très précise de l’endroit où je veux aller et je suis très tranchée. Je sais vite dire oui ou non, là où Brasi est plus dans l’hésitation. Donc je lui ai évité de passer du temps sur certains trucs, mais du coup, il n’était pas dans l’apprentissage. Je lui évitais de faire du slalom mais parfois il en aurait eu besoin. Au final, l’évolution est folle ! Quand on compare les projets et le Brasi d’avant et de maintenant c’est incroyable. La professionnalisation en un an de temps est incroyable. Puis maintenant que l’on bosse le prochain projet, ce qu’il arrive à rentrer est encore différent, c’est fou ! Après, voilà il y a des petites guerres en studio mais c’est toujours bon enfant.

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Mille mercis à Brasi, Blucy et toute l’équipe pour votre accueil. Un chaleureux merci à Anna qui à permis cette rencontre.