Les 10 clips qui ont marqué la carrière d’A$AP Rocky
À l’occasion de la venue d’A$AP Rocky au festival Rock en Seine, nous vous proposons un petit tour non exhaustif des dix clips ayant façonné le parcours de l’artiste.
A$AP Rocky, ce n’est pas uniquement un rappeur. C’est un artiste touche-à-tout qui, dès le début de sa carrière, a mis un point d’honneur quant à la valeur de l’esthétique au sein de son travail, que cela soit dans le mannequinat ou plus récemment le cinéma.
Le visuel doit être au service du propos, il ne doit pas être négligé mais doit plutôt être perçu comme un accompagnement essentiel servant à sublimer sa musique. Tel est son crédo.
Alors que les rappeurs bénéficiaient d’une mauvaise presse concernant l’image qu’ils pouvaient renvoyer, le beau gosse de Harlem a balayé tous ces préjugés d’un revers de main afin d’unir des mondes qui semblaient se tourner le dos.
Pour fêter son passage à Rock en Seine, nous vous proposons de revenir chronologiquement sur dix clips ayant marqué sa carrière. Entre clins d’oeils et références cinématographiques léchées, nous avons de quoi profiter. Nostalgie et frissons garantis.
« Purple Swag » (2011)
Commençons avec le clip de “Purple Swag” pour le single promotionnel de sa mixtape Live.Love.A$AP. Le ton est assumé et le parti-pris on ne peut plus clair : Rocky souhaite clairement mêler son rap à celui du sud des États-Unis (particulièrement Houston et Memphis) sans pour autant renier le style new-yorkais dont il est originaire.
Pour ce faire, le “chopped and screwed”, les grillz ainsi que la boisson violette sont mis à l’honneur avec des caméos d’A$AP Ferg ainsi que du regretté A$AP Yams, la tête pensante du A$AP Mob. Certes, le clip reste relativement simple mais il est surtout un point de départ important pour la carrière de Rocky.
« Fashion Killa » (2013)
Certaines personnes sont peut-être passées à côté de l’information pourtant il s’agit bel et bien d’un clip réalisé par Virgil Abloh. Une collaboration fructueuse qui s’étend par ailleurs sur la cover du projet Long.Live.A$AP ainsi que dans la scénographie des concerts de Rocky. Au-delà de l’anecdote, cela montre l’intérêt de l’artiste à vouloir faire équipe avec des esprits créatifs de renom entre la sphère de niche et celle mainstream pour l’époque.
Autre fait notable? La présence de Rihanna aux côtés du rappeur. Les deux crèvent l’écran et jouent le rôle d’un couple extrêmement complice. Entre le jeu et la réalité des sentiments, il n’y a qu’un pas. L’histoire nous confirmera cette hypothèse…
« L$D » (2015)
Bien que les clips d’A$AP Rocky aient jusque-là toujours marqués par un haut degré de qualité, celui-ci opère toutefois comme une frontière au sein de sa carrière. Il y a indéniablement un avant et un après “L$D”.
Réalisé par Dexter Navy et appuyé par l’influence du film Enter The Void de Gaspar Noé, Rocky nous emmène avec lui dans ce trip psychédélique à travers les rues nocturnes de Tokyo. De la colorimétrie fluorescente aux mouvements lents du rappeur accompagnés par sa voix lancinante à la limite de la comptine, ce clip ainsi que cette chanson issus de AT.LONG.LAST.A$AP demeurent encore aujourd’hui comme des incontournables de sa carrière, voire même son chef d’oeuvre.
« Money Man / Put That On My Set » (2016)
Petite parenthèse avec ces deux titres provenant de la mixtape chorale Cozy Tapes: Vol.1 du A$AP Mob sortie en 2016. Profondément impacté par la disparition de Yams cité plus haut, ce projet sert à la fois d’hommage mais également de test quant à la cohésion artistique du crew devenu orphelin de leur leader.
Cette fois-ci, les choses sont vues en grand puisque nous avons ici affaire à un court métrage, une fois de plus signé par Dexter Navy qui ne fait qu’accentuer leur alchimie. Exit le psychédélisme et les lueurs aveuglantes tokyoïtes du clip précédent et place aux rues de Londres en noir et blanc en compagnie de Skepta.
On ajoutera tout de même le clin d’œil non dissimulé à La Haine de Mathieu Kassovitz qui est parachevé par la présence de Saïd Taghmaoui. On apprécie ce genre de melting-pot malheureusement trop souvent boudé par les américains. À cet égard, A$AP Rocky, lui, se place en leader de style.
« A$AP Forever » (2018)
Envoyé en éclaireur pour lancer la campagne promotionnelle de son quatrième album TESTING, “A$AP Forever” brille à la fois par l’utilisation somptueuse du très connu “Porcelain” de Moby ainsi que par son clip mettant New-York en lumière.
À la réalisation? Dexter Navy. À croire que leur relation frôle l’idylle créative quitte à supplanter celle à venir avec la chanteuse barbadienne!
La présence du réalisateur démontre surtout un réel fil conducteur audiovisuel tissé depuis plusieurs années où Rocky, plus charismatique que jamais, navigue entre différents lieux de la Grosse Pomme tout en clamant avoir remis la ville sur la carte du rap. Pour les potentiels récalcitrants, l’heure n’est pas au débat : on garde ses arguments pour soi et on admire cette énième oeuvre de haute volée.
« Potato Salad » (2018)
Loin d’être le plus spectaculaire de tous, ce clip concentre néanmoins tous les fantasmes possibles concernant une collaboration entre Rocky et Tyler, The Creator. À vrai dire, tout était fait pour que le public morde à l’hameçon puisque le duo s’était même déjà trouvé un nom bien sympa : WANG$AP.
De leurs quelques morceaux communs sortis plus tôt (“Telephone Calls”, “Who Dat Boy”) à celui-ci, tout semblait mener à une apothéose musicale. Hélas, sept ans plus tard, rien à l’horizon. On gardera ce clip comme une excellente archive de ce qu’aurait pu être cette fusion musicale. On se console comme on peut après tout.
« Sundress » (2018)
Point de Dexter Navy, ici c’est Frank Lebon (James Blake, King Krule…) qui se charge de la réalisation. Dans la pleine continuité de son exploration psychédélique par un sample bien senti de “Why Won’t You Make Up Your Mind?” de Tame Impala, Rocky signe l’une de ses chansons les plus accessibles au grand public sans trahir son essence créative. Le clip quant à lui, semblable à une photographie en mouvement, s’inspire volontiers du film La Jetée de Chris Marker. Une autre référence française qui fait plaisir!
« Babushka Boi » (2019)
Cette fois-ci, direction la Russie pour un clip complètement barré réalisé par Nadia lee Cohen. L’influence russe est on ne peut plus claire à travers le nom “babushka” signifiant “grand-mère” jusqu’au trailer du clip qui reprend “Murka”, une chanson typique du pays.
Le tout accompagné de sous-titres russes, c’est ce qu’on appelle le sens du détail. Rocky et Lee Cohen lorgnent également le travail de Warren Beatty et plus particulièrement son film “Dick Tracy” via la représentation cartoonesque et animale de la police mise en exergue par des cochons anthropomorphiques.
Bien que tourné avant les déboires judiciaires de l’artiste en Suède, la vidéo est sortie après son incarcération, faisant, sans le vouloir, un pied de nez plutôt ironique à cette histoire.
« D.M.B. » (2022)
On a laissé nos tourtereaux sur “Fashion Killa” un peu plus haut alors une mise à jour s’impose. C’est en quelque sorte le leitmotiv de Rocky qui officialise enfin sa relation avec Rihanna après d’énormes spéculations autour d’eux. Si tout le monde s’est réjouit de cette nouvelle, ça a dû être un peu plus morose chez Drake.
Une nouvelle qui a de quoi les propulser définitivement parmi les “Power Couple” du milieu sans sourciller face à Beyoncé et Jay-Z. La chanson, co-produite avec Skepta, est absolument géniale et bénéficie d’un clip renversant réalisé par Rocky lui-même, preuve de son expérience accumulée au gré des clips tournés.
Néanmoins, à tous ceux qui prendraient cette chanson pour une leçon de drague, sachez que d’appeler votre partenaire par “my bitch” ne vous fera pas marquer des points. À bon entendeur.
« Tailor Swif » (2024)
Pour finir, comment ne pas évoquer le dernier clip en date? Réalisé par Vania Heymann et Gal Muggia, Rocky repart en Europe de l’Est direction l’Ukraine pour nous proposer un travail complètement surréaliste. Au programme : une perruque de cigarettes, un chien anthropomorphe, un homme-araignée, un archer de trois mètres de haut…
Le clip nous retourne tellement le cerveau qu’on perd nos repères… ou toute notion d’ordinaire. C’est dans ce déboussolement que l’on peut se dire qu’il s’agit d’une franche réussite, une fois de plus.
Mentions honorables : « Jukebox Joints », « Fukk Sleep », « Praise The Lord (Da Shine) », « Kids Turned Out Fine », « RIOT (Rowdy Pipe’n), « HIGHJACK »…