Georgia Anne Muldrow – A Thoughtiverse Unmarred

Novembre 2015

Georgia Anne Muldrow

A Thoughtiverse Unmarred

Note :

Revenons quelques mois en arrière,  en mai pour être précis, pour se pencher sur le dernier projet d’une belle artiste qu’on gagne à connaitre. Son nom ? Georgia Anne Muldrow. Son projet ? A Thoughtiverse Unmarred. Son pedigree ? La trentaine, rappeuse, chanteuse (soul, jazz), multi instrumentiste, productrice. Cette nana aux multiples talents a en plus une rare et précieuse faculté : celle de s’entourer de belles gens.

Après avoir fricoté avec les plus beaux labels underground de la West Coast (et notamment Stones Throw…), c’est parmi le roster de Mello Music Group qu’on retrouve la femme de Dudley Perkins à la ville. Trêve de potins, ce qui nous intéresse ici, c’est la copie qu’elle a rendu et qui inspire tant de respect à des “anonymes” comme Madlib ou Declaime.

Notons par ailleurs que peu de temps avant cette release, notre amie accompagnait The Black Opera sur un morceau produit par Tall Black Guy sur ce morceau :

Son dernier projet : un LP de 12 morceaux d’une durée totale de 35 min. C’est rappé, c’est chanté, c’est engagé, c’est bien lancé et les prods sont audacieuses. Au moins, elles ont le mérite d’apporter quelque chose au débat ou de le susciter tant les choix de Chris Keys (qui produit cet opus) font le pont entre les vieilles mélodies soul déroulées au vinyle et les beats plus secs et précis qui nous indiquent qu’on est bien en 2015.

La maturité. A 32 ans, GAM n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il s’agit de son 15ème album solo, intégralement produit par Chris Keys, le camarade de jeu d’un certain Oh No. Quand elle évoque les noms des grands figures Noires qui ont contribué à son identité individuelle et communautaire, elle s’empare du mic sur « Great Blacks », joue d’un beat un peu ripé et poussiéreux, laisse sonner le saxo et la basse et fait le lien entre leur passé et son avenir en rappelant leurs exploits, leurs luttes, leur sang versé, les espoirs suscités et ce qui reste à faire.

Quand elle fait appel à Declaime, c’est pour kicker un beat old school qui signale bien que certains des lascars dans le studio ont passé un peu de temps chez Stones Throw, tricotté du jazz et peut être même écouté quelques travaux de… RZA.

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Quant à « Ankles », morceau qui a fini par « fuiter » quelques semaines avant la sortie de l’album, il annonçait clairement la couleur. Cet album sera rappé, engagé et un pur produit de conscious rap. Il serait d’ailleurs surprenant que l’aimable Chris ne se soit pas appuyé sur les conseils éclairés de compères de studio comme Apollo Brown, L’Orange ou Oddisee

Méli-mélo. En ce qui concerne ce qui coince dans ce projet, on pourrait regretter un manque de cohérence entre les morceaux tant dans les textes que dans les instrus, notamment au niveau de l’univers sonore. La pirouette sert sûrement le projet artistique mais trouble la lecture qu’on peut s’en faire et perd l’amateur.

Pourtant, c’est toujours bien fait,  très juste, techniquement difficile (rap, soul, jazz, spoken word, …), vraiment c’est bon. Mais c’est dur d’en faire un album populaire tant les textes imposent une réflexion sur soi, ses origines et son devenir et les instrus déconcerter (« Tungsten Babalawo », « Pop Iconz » pour ne citer que ces morceaux).

C’est du beau travail, c’est clairement un coup de cœur perso parce que c’est frais que des albums comme ça sortent, que des labels se battent pour ça et que des nanas de la trempe de GAM soient visibles.

Même si on n’y danse pas, même si les textes n’appellent que rarement à la fête, on ne peut que souligner la qualité des prods résolument jazzy et soul qui servent à merveille un discours qui leur rend bien. Un bémol sur la durée de l’effort (seulement 35 minutes) et la délicate cohérence musicale.