10 rappeurs californiens à suivre en 2019

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10 rappeurs californiens à suivre en 2019

En 2019, la West Coast se porte toujours aussi bien, merci pour elle ! Voici notre top (non exhaustif, bien sûr) des artistes californiens à surveiller de près dans les prochains mois.

Depuis que N.W.A, Ice-T et Too $hort l’ont placée sur la carte du rap à la fin des années 80, la Californie a toujours été un incroyable vivier de talents, ce qui semble logique quand on sait que l’État intouchable comme Eliot Ness est de loin le plus peuplé des US. Au cours de la dernière décennie, le roi Kendrick et sa garde rapprochée chez TDE ont eu tendance à accaparer les spotlights, mais d’autres têtes d’affiche ont su tirer leur épingle du jeu : YG, DJ Mustard, Nipsey Hussle, Vince Staples, Tyler The Creator, Lil B, G-Eazy et Mozzy notamment, sans oublier Ty Dolla $ign, Frank Ocean, Anderson .Paak et Kehlani niveau R&B.

Aujourd’hui, on peut même observer un certain regain de créativité avec l’arrivée d’une nouvelle génération qui n’hésite plus à puiser dans l’héritage de Los Angeles et de la Bay Area (G-funk, mobb music, hyphy, function music, jerkin et ratchet music, etc.) pour mieux le revisiter à l’aune des genres dominants (trap, cloud rap et pop rap). Entre tradition locale et rap global, ces jeunes pousses (plus quelques vétérans ayant éclos sur le tard) sont en train de faire bouger les lignes comme Steph Curry fait reculer celle à 3 points. De la coolitude mélodieuse de Rexx Life Raj au gangsta rap emo et écorché vif de 03 Greedo, en passant par l’attitude bad bitch (mais pas drama queen !) de Saweetie, de Long Beach à Sacramento, en passant par Oakland et la San Fernando Valley, voici la dizaine sur laquelle on miserait bien un pack de 40 oz cette année. – Julien Tribet

Blueface

20 ans, Los Angeles

Quarterback universitaire prometteur avant de prendre le mic, Jonathan Porter aka Blueface a opéré une percée monumentale sur le terrain de la West Coast en l’espace d’une petite année. Devenu viral grâce à son flow nonchalant accompagné de sa voix à la fois rugueuse et nasillarde, le gamin de L.A marque par sa bizarrerie. Ce jeune membre des Crips a très souvent été qualifié (à tort) d’off-beat sur la plupart de ses morceaux. En effet, il est reconnaissable entre tous pour son phrasé élastique désormais célèbre. Plus qu’un simple rookie au talent pouvant paraître approximatif, Blueface s’inscrit surtout dans la grande tradition du gangsta rap californien tout en apportant sa dose d’étrangeté et de fraîcheur. Avec deux mixtapes de bonne facture à son actif, on espère voir Blueface multiplier les touchdowns musicaux en cette nouvelle année.

Rexx Life Raj

29 ans, Berkeley

Sensation de la Bay Area, le crooner de Berkeley n’est pas vraiment une nouvelle tête de la scène californienne. Après quelques albums aux succès relatifs, Faraji Wright, de son vrai nom, prend enfin une toute autre dimension. Son très bel EP répondant au doux nom de  California Poppy  sortit en fin d’année, laisse présager un programme alléchant pour 2019. Adoubé par le légendaire E-40, que l’on retrouve à juste titre sur ce dernier projet, Raj, tout comme le Captain Save A Hoe avant lui, compte bien exporter sa musique en dehors des frontières de la baie de San Francisco. Ce fan inconditionnel de Kid Cudi propose une version alternative de la mobb music propre de cette région, en optant pour un rap toujours plus mélodique et smooth. Actuellement en tournée avec Bas dans le cadre de son Milky Way Tour, la rencontre avec le public devrait servir de véritable tremplin à sa carrière encore florissante.

OMB Peezy

21 ans, Sacramento

Natif de Mobile dans l’Alabama mais relocalisé depuis son adolescence à Sacramento, la musique de Peezy est un savoureux cocktail entre le bounce clinquant de Cash Money et le funk âpre du nord de la Californie. Signé chez Sick Wit’It, le label d’E-40 (encore lui), le brigand à l’allure de freluquet épate par l’assurance qu’il dégage. Force tranquille et sous ses airs de minot, LeParis Dade a pris l’habitude de nous conter son quotidien macabre. Néanmoins, le climat californien lui a apporté la dose de lumière nécessaire pour contraster avec son univers très sombre, où les histoires de meurtres sont légion. Avec trois projets à son compteur, dont un EP réalisé en collaboration avec le producteur star Cardo, nul doute qu’OMB Peezy élargisse rapidement les rangs de ses aficionados.

Saweetie

25 ans, Sacramento

Dès son premier single, Saweetie, la ICY GRL originaire de Hayward a suscitée le buzz. 66 millions de vues plus tard et désormais implantée dans la River City, Diamonté Harper est sans conteste la rappeuse californienne la plus prometteuse du lot. Élégante, provocatrice et flegmatique, son attitude n’est pas sans rappeler la reine du rap US, j’ai nommé Cardi B. Cependant, Saweetie se tient loin des comparaisons faciles et ne veut pas en entendre parler. Dans un entretien accordé à Clash Magazine, elle explique ne vouloir ressembler à personne et composer sa musique en solitaire, histoire d’avoir un son bien à elle. C’est chose faite avec son premier EP High Maintenance, où elle enchaine les hymnes de bad bitch à la sauce NoCal. Cousine de Zaytoven, Saweetie est parvenue à se relier avec un autre grand nom d’Atlanta, Quavo. En effet, elle apparaît sur le titre « Give It To Em » issu de Quavo Huncho, collaboration rêvée pour se faire une place sur la scène nationale.

DUCKWRTH

30 ans, South Central

Son nom de scène est également le patronyme du greatest rapper alive, Kendrick Duckworth Lamar. Une voyelle en moins pour se différencier du rappeur de Compton, Jared Lee n’en est pas moins un artiste entier à la vision artistique exigeante. Tout juste trentenaire, le chemin fût long pour le MC de South Central avant de se faire une place sur la carte du rap californien. Son style déluré brassant de nombreux genres tels que le punk et le funk s’est timidement immiscé sur les ondes depuis 2010. Ce n’est qu’à partir de 2016 avec sa mixtape I’m Uugly et sa suite, an XTRA UUGLY mixtape l’année suivante que DUCKWRTH a réllement séduit. Désormais affilié avec le mastodonte Republic Records, 2019 devrait marquer un tournant majeur pour lui puisqu’un nouveau projet intitulé Falling Man devrait voir le jour. Il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que les bouillants « Fall Down » et « Soprano » envoyés en éclaireur soient présents sur la tracklist.

Yhung T.O.

20 ans, Vallejo

Membre le plus en vue du super crew SOB X RBE, mis en orbite grâce à leur présence sur la bande son de Black Panther, Yhung T.O. a tout d’une future star. Aux côtés de ses compères DaBoii, Slimmy B et Lul G, le rappeur au flow de velours est devenu un maillon fort de la Bay Area. Hook-maker de génie, la présence de T.O. au refrain c’est la promesse d’un déballage de vocalises accrocheuses comme il n’est pas permis. De là à le comparer au monument Nate Dogg, il n’y a qu’un pas. Récemment,  il a annoncé vouloir se concentrer sur sa carrière solo au détriment de l’avenir du groupe. Le gangster à la voix onctueuse n’a pas perdu son temps puisqu’il a déjà sortit un projet, le court mais bon Trust Issues en attendant la suite.

03 Greedo

31 ans, Guardena

Doyen de notre sélection, le parcours de Jason Jamal Jackson est pour le moins chaotique. Anciennement connu sous le nom de Greedy Giddy, il a multiplié les allers-retours au pénitencier durant sa vingtaine pour en ressortir transformé en 03 Greedo. Comme s’il traînait constamment une épée de Damoclès au-dessus de lui, son rap est rempli de malédictions de gangsters et de prophéties célestes. Le tout passé à la machine auto-tuné pour un rendu ténébreux et spectral. Celui qui voulait rester en vie après avoir atteint le cap des 30 ans, âge auquel est décédé son père, devra poursuivre ses vingt prochaines années de nouveau derrière les barreaux. Stoppé en pleine ascension, on espère que le cathartique God Level, son dernier album en date ne soit pas le point final de sa carrière.

Warm Brew

Santa Monica

Depuis 2015, la fan base des trois Ghetto Beach Boyz, Ray, Manu et Serk ne cesse de grimper sans pour autant provoquer l’hystérie. Leurs connections avec Dom Kennedy, Buddy ou encore Hugh Augustine, ne leur ont pas suffi pour véritablement passer un cap en terme d’exposition médiatique. Peu importe, la reconnaissance, elle, est bien là ! La patte du trio est reconnaissable pour leur son aussi ensoleillé que décontracté à la légère teinte psychédélique. « Psychedelic », c’est justement le nom du single phare de leur dernier LP New Content, sortit au début de l’automne. Prions pour que cette nouvelle réussite leur fasse enfin atteindre le firmament, c’est tout ce qu’ils méritent.

Saviii 3rd

22 ans, Long Beach

Repéré sur SoundClound comme à peu près tous les nouveaux talents du rap actuel, Saviii 3rd se distingue par l’authenticité avec laquelle il s’exprime. Adepte d’un rap local, autant au niveau de la production que des thèmes évoqués, sa musique fleure bon Long Beach. Sa personnalité rêche et ses évidentes qualités de kickeur ne sont cependant pas passées inaperçus. Récemment, Birdman lui a jeté son dévolu et l’a intégré à la filiale West Coast de Cash Money. Reste à savoir maintenant, si le magnat du rap saura faire évoluer Saviii dans la bonne direction ou s’il rééditera le désastre du cas Lil Wayne.

Ian Kelly

28 ans, Oakland

Le profil de Ian Kelly fait figure d’anomalie dans le paysage nombriliste de la Bay Area. Très attaché à sa ville natale d’Oakland, on ressent cependant très peu dans sa musique l’héritage du rap made in Bump City. Exit les intrus hautes en couleurs aux percussions funky et aux basses vrombissantes, Ian lorgne plutôt vers un rap soulful élégant servant à merveille ses impressions intimistes. Après des apparitions convaincantes sur la compilation Jamla the Squad 2, il a fini par rejoindre la prestigieuse écurie de 9th Wonder et Rapsody. Son premier EP Champian sous le sceau Jamla nous laisse présager un beau parcours à celui dont les inflexions de voix nous font fortement penser à un certain Kendrick Lamar.

Mentions honorables : BOE Sosa, ALLBLACK et Trizz